Les chiffres tombent, nets et massifs. Selon les résultats partiels publiés ce lundi par la Direction générale des élections (DGE), le « Oui » à la nouvelle Constitution l’emporte largement avec plus de 90% des suffrages exprimés. Sur les 4,8 millions de votants – soit un taux de participation de 91% –, 4,3 millions se sont prononcés en faveur du texte, contre seulement 405.430 « Non ».
Des résultats qui, à ce stade du dépouillement (82% des bureaux pris en compte), dessinent une victoire sans appel pour le camp du pouvoir, porteur de ce projet de loi fondamentale. La directrice générale des élections, Djénabou Touré, a présenté ces chiffres comme le reflet d’une adhésion large et transversale.
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Une approbation massive dans toutes les régions
Le plébiscite semble généralisé. À Kankan, le « Oui » frise les 95,5% ; à Faranah, il atteint 96% ; à N’Zérékoré, il culmine à 96,2%. Seule la capitale, Conakry, affiche un score légèrement moins uniforme : 74,4% de « Oui », mais 25,6% de « Non » – signe peut-être d’une opposition plus structurée en milieu urbain.
Ces chiffres, s’ils sont confirmés par la Cour constitutionnelle – seule habilitée à proclamer les résultats définitifs –, donneront une légitimité statistique incontestable au texte. Ils acteraient l’avènement d’une Troisième République sous l’égide des autorités de transition.
Une victoire en demi-teinte ?
Pourtant, derrière ces pourcentages écrasants, plusieurs questions persistent. Le taux de participation annoncé de 91% contraste avec les images de bureaux de vote clairsemés rapportées par certains observateurs et les appels au boycott de l’opposition, menée par l’ancien président Alpha Condé.
Pour les détracteurs du régime, un score aussi uniforme – dépassant souvent 90% – évoque moins une adhésion démocratique qu’un verrouillage du processus électoral. Ils dénoncent un scrutin organisé dans un contexte d’absence de libertés fondamentales et de contrôle étroit des médias.
L’après-référendum s’annonce tendu
Reste à savoir si cette large victoire annoncée suffira à éteindre les contestations. L’opposition a déjà rejeté par avance des résultats qu’elle estime « trafiqués ». La communauté internationale, notamment la CEDEAO, observe avec une vigilance accrue.
La bataille politique ne fait que commencer. La promulgation de la nouvelle Constitution ouvrira un nouveau chapitre, marqué par la mise en place des institutions issues du texte et, surtout, par la préparation de la prochaine élection présidentielle – celle qui doit, en principe, marquer le retour des civils au pouvoir.
Le « Oui » a gagné. Maintenant, le pouvoir doit gagner la paix.
