À trois jours du référendum constitutionnel, le général Mamadi Doumbouya a procédé, jeudi, à la nomination des membres de l’Observatoire national autonome de supervision du référendum (ONASUR). Une instance clé, censée garantir la « régularité, la transparence et la sincérité » du scrutin du 21 septembre. Mais dans un climat politique déjà tendu, la composition de cette structure – majoritairement issue des rangs du pouvoir – suscite scepticisme et défiance.
Placée sous la présidence du Dr Sékou Koureissy Condé, ancien ministre et figure respectée, l’ONASUR rassemble pourtant des profils variés : anciens ministres, universitaires, magistrats, avocats et représentants d’organisations de la société civile. On y trouve notamment Mariama Diallo Sy, ex-ministre et présidente du Réseau des femmes africaines leaders, ou encore le Dr Michel Jeannette Tolno, enseignant-chercheur à l’Université de Sonfonia.
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Une mission technique… et hautement politique
Conformément à la loi, l’Observatoire a pour mission de superviser l’ensemble du processus référendaire : respect du chronogramme, mise en place du matériel de vote, supervision des opérations de vote, centralisation des résultats et transmission des procès-verbaux à la Cour suprême. Il devra également déployer des antennes dans toutes les préfectures, les communes de Conakry et même à l’étranger.
Des prérogatives techniques essentielles, mais qui s’exercent dans un contexte où l’opposition – menée par Alpha Condé – a appelé au boycott et dénonce par avance une « mascarade ». La crédibilité de l’ONASUR dépendra donc autant de son impartialité que de sa capacité à résister aux pressions.
Des membres proches du pouvoir ?
Si la liste des membres affiche une certaine diversité, certains noms interpellent. Comme celui de Mamadou Sanoussy Bah, conseiller du président du CNT chargé des affaires religieuses, ou de Maïmouna Traoré, cheffe de division au CNT. Leur présence nourrit les critiques de ceux qui y voient une mainmise du pouvoir transitionnel sur l’instance de supervision.
Pour le régime, il s’agit au contraire de démontrer sa volonté d’organiser un scrutin incontestable. En nommant des personnalités reconnues – à l’image de Me Pépé Antoine Lamah, représentant de l’Ordre des avocats –, Doumbouya espère offrir des gages de sérieux à la communauté nationale et internationale.
Dernière ligne droite avant le vote
L’ONASUR devra rendre son rapport général après la proclamation des résultats par la Cour suprême. D’ici là, il devra faire preuve d’une transparence absolue pour convaincre une opinion publique profondément divisée.
Dans un pays où la confiance dans les processus électoraux est érodée, la mission de l’Observatoire est aussi symbolique que technique. Elle déterminera, en grande partie, la légitimité – ou l’illégitimité – du référendum et de la future Constitution.
Le compte à rebours est lancé. Les Guinéens trancheront dimanche. Mais c’est dès maintenant que se joue la bataille de la crédibilité.
