Dans la journée d’hier, mardi 29 octobre 2019, douze jeunes qui étaient poursuivis pour participation délictueuse à un attroupement, ont été relaxés.
Suite à l’appel que le Front National pour la Défense de la Constitution (Fndc) a lancé au peuple de Guinée de sortir manifester les 14, 15 et 16 octobre contre la volonté du président Alpha Condé de changer la Constitution guinéenne dans l’unique but de rester au pouvoir après son deuxième et dernier mandat en 2020, plusieurs compatriotes ont été arrêtés, notamment dans la commune de Ratoma, à Conakry. Mais, après deux semaines de détention, le tribunal de première instance de Dixinn a constaté que les accusations articulées contre les douze jeunes qui lui ont été présentés ce mardi sont non fondées. Ils ont finalement été déclarés non coupables et libérés. Ils ont ainsi été torturés et privés de liberté pour rien !
Selon les explications fournies à la barre, les forces de l’ordre ont arrêté ces personnes individuellement, à des heures différentes et dans des endroits différents de la commune de Ratoma. Et, ils exercent tous des professions différentes : on y trouve des tailleurs, mécaniciens, maçons, chauffeurs, soudeurs, menuisiers, apprentis chauffeurs…
Appelés à tour de rôle à la barre, ces jeunes ont tous rejeté en bloc les faits qui leur sont reprochés, tout en décrivant au tribunal les sévices corporels dont ils ont été victimes de la part des forces « de l’ordre » qui agissaient au nom de la sécurité publique…
Au-delà des actes de torture, plusieurs de ces personnes ont déclaré à la barre avoir été victimes de spoliation de leurs biens par les forces de l’ordre. « C’est dans la chambre de mon ami qu’on m’a arrêté. Ils m’ont roué de coups avant de retirer mon téléphone, mon permis de conduire et mon argent » a par exemple expliqué Thierno Sadou Barry, chauffeur de son état.
Après les explications des prévenus, le ministère public par la voix de monsieur Boubacar I Bah, a requis la relaxe des prévenus pour délit non constitué. Le procureur estime que ces jeunes n’ont pas été interpellés en groupe, ni sur la voie publique. Ensuite, il n’y a pas eu de tirs de sommation pour disperser une quelconque foule. « C’est pourquoi, dit-il, le ministère public demande de les relaxer pour délit non constitué en vertu de l’article 544 du code de procédure pénal guinéen » a dit le procureur.
Pour leur part, les avocats de la défense (Me Amadou Oury NDiré Diallo, Kémoko Malik Diakité et Cie) ont demandé au tribunal de suivre les réquisitions du procureur.
C’est donc sans surprise que le tribunal a déclaré ces douze jeunes « non coupables » des accusations portées à leur encontre. Et, il a ordonné leur relaxe pure et simple pour délit non constitué. Ces douze jeunes compatriotes vont rejoindre aujourd’hui leurs familles respectives après avoir passé deux semaines en prison pour rien !