Kagamé n’a d’ailleurs pas cherché à mettre de l’eau dans son vin en ce qui concerne la candidate désignée. Louise Mushikiwabo incarne la ligne dure de son régime. Une fidèle parmi les fidèles qui n’a jamais sourcillé devant les incessantes répressions policières d’opposants ou le soutien en armes de milices rebelles de la République démocratique du Congo voisin.
Le Rwanda, pays officiellement anglophone et régulièrement épinglé par les organisations de défense des droits de l’Homme et de la liberté de la presse, est un pari risqué pour la francophonie. En privé, de nombreux chefs d’état africains font part de leur surprise (voire de leur colère) vis-à-vis de cette candidature qui, selon eux, foule aux pieds certains des principes fondateurs de l’OIF tout en récompensant le pire élève de la classe.
Outre la provocation d’une candidature rwandaise, c’est la personnalité de Louise Mushikiwabo qui crispe de nombreuses capitales africaines. Il faut dire que son court passage à la Banque africaine de développement (BAD) n’a pas laissé que des bons souvenirs et que rares sont les dirigeants africains désireux de travailler avec elle sur le long-terme.
Le temps dira si le pari rwandais d’Emmanuel Macron est gagnant. Pour apaiser Paul Kagamé (ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’est arrivé à faire sur le long-terme), le président français prend le risque de s’aliéner un certain nombre de chefs d’état amis. En prenant en otage l’OIF, il affaiblit surtout cette institution conçue comme une arme diplomatique au service du rayonnement de la France.