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Massacre du 28 septembre : Toumba Diakité désormais sans avocats

Le collectif des avocats d’Aboucar Diakité alias Toumba a annoncé son retrait définitif dans cette affaire au cours d'une conférence…

Le collectif des avocats d’Aboucar Diakité alias Toumba a annoncé son retrait définitif dans cette affaire au cours d’une conférence de presse tenue le 20 décembre 2017 à la maison de la presse de Conakry

 

Le collectif des avocats d’Aboucar Diakité alias Toumba a tenu une conférence de presse mercredi 20 décembre 2017 à la Maison de la presse de Conakry. Il était question de faire le point sur l’évolution du dossier du stade du 28 Septembre 2009 et d’annoncer son retrait définitif dans cette affaire, a appris Guineematin.com à travers deux de ses reporters.

Il y a quelques mois déjà, ils avaient annoncé la suspension de leur assistance au commandant Aboubacar Diakité. Les avocats de Toumba annoncent maintenant qu’ils se retirent définitivement du dossier du 28 septembre 2009.Une décision qui vise à protester contre « les grandes dérives de l’instruction de l’affaire relative aux événements du stade du 28 Septembre 2009. Nous avons donc contacté dans cette affaire, beaucoup de failles, des violations des droits de la défense. Toumba Diakité inculpé au même titre que ses pairs, que ses co-accusés qui eux, sont perchés à de hautes sphères de responsabilité, qui sont élevés en dignité et qui jouissent d’une entière protection de l’autorité suprême. Il est le seul à ce jour, à avoir été placé sous mandat de dépôt à la maison centrale de Conakry où il est détenu dans des conditions inadmissibles », a déclaré Maître Paul Yomba Kourouma, membre du collectif des avocats d’Aboucar Diakité.

Ces conditions, dit-il, « ont été dénoncées, condamnées, stigmatisées, matérialisées même par des demandes déposées par le collectif des avocats et qui ont débouché sur des vérifications de l’autorité non seulement par le Parquet mais aussi par l’autorité départementale. Le constat était exact et des promesses ont été prises par l’autorité afin d’humaniser son cadre de vie. Parce que Toumba vit dans une salle surchauffée non meublée, sur un canapé fait des mains des prisonniers, à peine raboté, à peine recouvert par un matelas qui se partage avec des puces et des punaises. Tous ces constats ont été faits. La liberté provisoire qui a été demandée et qui n’était plus une entrave à la manifestation de la vérité dès lors qu’il a été entendu sur le fond par les juges, nous a été refusée… Le chef de l’État que nous avons demandé à faire citer pour être entendu en tant que témoin dans un premier temps n’a pas comparu. Les juges n’ayant dit mot autour de la question alors que son audition pourrait beaucoup aider. Ce dossier n’a connu aucune confrontation. Il (Toumba) n’a été confronté avec aucun de ses accusateurs », fustige l’avocat.

C’est au regard de toutes ces violations, indiquent les avocats de Toumba, qu’ils ont décidé de se retirer définitivement du dossier. « Nous nous sommes donc dits, qu’il serait suicidaire pour nous d’accompagner à la potence à l’échafaud, à la condamnation éternelle, puisqu’il est supposé être l’agneau qui devra être immolé, crucifié pour le rachat des forfaitures de ses collègues. C’est pour ces raisons donc, que nous avons décidé de nous retirer définitivement ».

Toumba Diakité qui croupit à la maison centrale de Conakry depuis son extradition de Dakar se retrouve donc sans avocats désormais et sans savoir quand il sera présenté devant un tribunal pour s’expliquer sur son rôle dans le massacre du 28 septembre 2009 au stade du même nom. Evénement au cours duquel plus de 150 personnes avaient été tuées, de nombreuses autres blessées et des femmes violées selon des organisations de défense des droits de l’Homme.

Même si la phase de l’instruction a été bouclée récemment, aucune date n’a été annoncée pour l’ouverture du procès, alors que le ministre de la justice avait promis il y’a quelques mois, qu’il ferait tout pour que ce procès tant attendu puisse s’ouvrir avant la fin de cette année.