Manéah ensevelie : quand la terre s’effondre, c’est tout un territoire qui appelle à l’aide
Dans la nuit tragique du 20 au 21 août, la terre a traîtreusement cédé sous les pas des habitants de Manéah, une paisible localité de la préfecture de Coyah. Le bilan, lourd, fait état de quinze vies fauchées, douze blessés et dix disparus, tandis que vingt-deux bâtiments — dont une dizaine habités — ont été ensevelis. Plus qu’un simple glissement de terrain, c’est une blessure profonde qui s’est ouverte dans le tissu humain et symbolique de la Guinée.
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Face à l’ampleur du drame, le gouvernement guinéen a réagi en lançant un appel pressant à l’évacuation immédiate des zones riveraines. De ce fait, les opérations de sauvetage, menées par l’Agence nationale de gestion des urgences et catastrophes humanitaires (ANGUCH), se poursuivent avec acharnement, animées par l’espoir de retrouver des survivants.
Au cœur de la tragédie, une chaîne de solidarité inébranlable à Manéah
Au-delà des chiffres froids, une vague de solidarité s’est levée, témoignant de la résilience d’une communauté. Riverains, forces de sécurité et équipes humanitaires se sont spontanément unis dans l’urgence. Le Premier ministre Amadou Oury Bah, accompagné de son gouvernement, s’est rendu sur place pour exprimer ses condoléances aux familles endeuillées et s’est engagé à la prise en charge des blessés ainsi qu’à l’assistance aux sinistrés. Ce drame révèle ainsi une chose essentielle : malgré la douleur, ce territoire se mobilise pour ses enfants, ses voisins, ses racines.
Le revers de l’urbanisation sauvage : une vulnérabilité à ciel ouvert
Toutefois, ce n’est pas la première fois que la Guinée est confrontée à de telles catastrophes. Les inondations et glissements de terrain récurrents sont un triste rappel de la fragilité de la capitale et de ses environs. Cela s’explique en partie par une urbanisation rapide et souvent anarchique, couplée à une pression démographique croissante. Dans ce contexte, les flancs de montagne, les bas-fonds et les bordures de cours d’eau, faute d’alternatives, se transforment en zones de vie, mais aussi en zones de risque exacerbées par les dérèglements climatiques.
Repenser la résilience : un défi pour l’avenir de la Guinée
Face à ce constat, le gouvernement exhorte désormais toutes les populations installées dans les zones à risque à évacuer. Cependant, au-delà de l’urgence, ce drame nous invite à une réflexion collective sur l’aménagement du territoire, la résilience urbaine et la justice environnementale. Comment protéger les populations sans les exclure ? Comment anticiper ces catastrophes sans stigmatiser ? Et comment reconstruire sans reproduire les mêmes erreurs ?
En somme, ce glissement de terrain n’est pas qu’un événement météorologique : c’est un signal d’alarme qui interroge notre rapport au territoire, à la solidarité et à la mémoire des lieux. La terre a parlé à Manéah, mais reste à savoir si nous saurons l’écouter. Il est plus que temps d’ouvrir le dialogue et de transformer la douleur en action, car la prochaine catastrophe ne préviendra peut-être pas.
