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Le procès fantôme de David Makongo

CONAKRY, 27 octobre 2025 — Dans la salle d’audience de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF),…

Guinée360

CONAKRY, 27 octobre 2025 — Dans la salle d’audience de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), le silence en disait long. Ce lundi, la Chambre de jugement présidée par Yagouba Conté a de nouveau évoqué le dossier explosif opposant David Makongo, homme d’affaires américain, et quatre ressortissants chinois à l’État guinéen. Mais, une fois encore, aucun des cinq prévenus n’a daigné se présenter à la barre.

Leur absence n’est plus une surprise.
David Makongo, jadis détenu à la Maison centrale de Conakry, a quitté discrètement le pays pour les États-Unis, officiellement pour assister son épouse malade. Depuis, il n’a plus jamais comparu. Ses co-accusés — Wang Yong Kai, Zhou Wenkai, Chen Xue Zhong et Tian Zhao Qianng — se sont volatilisés à leur tour, tout comme leurs avocats.

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Un procès fantôme

Poursuivis pour occupation illégale, destruction de l’environnement et évasion, les cinq hommes sont au cœur d’un dossier minier sensible. Mais à chaque audience, la même scène se rejoue : des bancs vides, des plaidoiries reportées, et une justice qui tourne en rond.

Le ministère public, par la voix du substitut Malick Marcel Oularé, a haussé le ton :

« David Makongo ne veut pas comparaître devant votre Cour. Toutes les diligences ont été faites. Nous demandons qu’un mandat d’arrêt soit émis contre eux. »

Mais le juge Yagouba Conté a préféré temporiser, estimant qu’il fallait d’abord poursuivre les débats avant d’envisager une telle mesure. Non sans ironie, il s’est interrogé :

« Et les autres ? »

Une question qui résume le désarroi d’une juridiction confrontée à des prévenus invisibles.

Vers un énième renvoi

L’avocat de Makongo, qui avait promis la présence de son client lors de la précédente audience, brille lui aussi par son absence. Le ministère public évoque un « manque de respect » pour la Cour. À la date du 6 octobre, les doutes planaient déjà sur la volonté réelle de l’homme d’affaires de se soumettre à la justice guinéenne.

Face à cette impasse, la CRIEF a décidé de renvoyer l’affaire au 17 novembre 2025 pour les plaidoiries et réquisitions — si, d’ici là, les prévenus refont surface.

Un procès suspendu entre fuite internationale et frustrations judiciaires, où l’État guinéen semble désormais juger… des fantômes.

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