Le gouvernement guinéen a mis sa menace en exécution. Certains enseignants grévistes ont vu leur salaire du mois d’octobre gelé par le gouvernement Kassory. Cette situation a contribué à radicaliser la position du syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLEECG) qui est en grève générale depuis le 03 octobre dernier. Dans une salle pleine à craquer, Aboubacar Soumah a déclaré ce samedi 27 octobre 2018, que les huit millions de francs guinéens négociables qu’ils demandent comme salaire de base sont désormais devenus non négociables.
Le secrétaire général du SLEECG, a déploré le comportement du ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation Mory Sangaré qui, selon lui , ne s’est pas préoccupé de la situation. Ce dernier a plutôt préféré procéder au recrutement de certains contractuels venant de l’Ecole Nationale d’Instituteurs et de l’ISSEG (Institut Supérieur des Sciences de l’Education de Guinée) plus certains vacataires «ramassés çà et là pour passer au remplacement des enseignants titulaires». «C’est une violation flagrante des conventions internationales ratifiées par notre pays. On ne doit pas procéder au remplacement d’un gréviste pour fait de grève», a-t-il rappelé, sous les ovations des enseignants grévistes.
Poursuivant, Aboubacar Soumah a accusé le PM Kassory Fofana d’être à la base du blocus du dialogue social dont il en est le garant. «Selon notre constitution, le Premier ministre est le responsable du dialogue social. Mais très malheureusement, Ibrahima Kassory Fofana est le premier à bloquer le dialogue en déclarant dans les médias que jusqu’en 2020, qu’il n’y aura pas de négociations autour des huit millions que nous réclamons, nous affirmons en conséquence qu’il n’aura plus de cours jusqu’en 2020», a-t-il martelé.
Selon Aboubacar Soumah, Kassory Fofana a expressément violé la loi en gelant les salaires des enseignants, par conséquent, «à notre tour, nous allons aussi violer les principes de négociations».
Poursuivant , Aboubacar Soumah a demandé aux parents d’élèves de continuer à garder leurs enfants à la maison pour éviter les nombreuses risques auxquels ils font face une fois dans les rues. «Nous avions dit dès au départ que si les parents laissent les enfants venir à l’école, les forces de l’ordre sont prêtes à tirer sur eux. La preuve, un élève de 22 ans a été tué à Koloma. Au Lycée 1er Mars de Matam, dès que les élèves se sont levés contre les enseignants contractuels qui n’ont pas de niveau, ils ont été aussitôt gazés et certains ont été arrêtés. La même chose s’est passée à Sonfonia et au Lycée Kipé. Partout où les élèves dénoncent l’incapacité des enseignants contractuels, les forces de l’ordre sont prêtes à tirer sur eux. C’est pour toutes ces raisons que nous demandons aux parents d’élèves de continuer à garder les enfants à la maison parce que nous ne sommes pas prêts à retourner dans les classes tant ce que nos revendications ne sont pas satisfaites. Même si cela prendra le temps qu’il prendra, jusqu’à 2020…», a-t-il menacé.
Certains fondateurs des écoles privées ont accusé le SLEECG de vouloir les déstabiliser. À l’occasion de cette assemblée générale, Aboubacar Soumah, le secrétaire général du SLEECG a indiqué que cela ne leur concerne pas. Toutefois, il a appelé les enseignants qui sont dans les publics et qui donnent aussi des cours dans les écoles privées de rester à la maison(…)».
Pour finir, Aboubacar Soumah a appelé ses camarades à la mobilisation. «Le Tchad vient de terminer son cinquième mois de grève. Le Bénin a fait trois mois, le Gabon, la Côte d’Ivoire et le Mali, c’est notre tour de finir avec la précarité dans laquelle nous vivons», a-t-il lancé.