La falsification de l’histoire n’est possible que par le silence et l’indifférence des témoins crédibles. Du moment que la lutte contre l’ignorance et la désinformation passe par les témoignages qui retracent la réalité des faits, il est important d’être acteur engagé et non spectateur résigné.
En effet, imaginons la Guinée en 2051 (dans 30 ans) où les historiens partisans, les nostalgiques fanatiques, les dirigeants actuels et certains descendants des bourreaux du régime, essaieront de faire croire que la version gouvernementale des faits qui se déroulent actuellement mérite d’être tenue pour la vérité historique.
En fait, ils diront qu’entre 2019-202, la Guinée a failli être déstabilisée par certains pays voisins en complicité avec des puissances étrangères. Ils soutiendront que les preuves de la magnanimité d’Alpha Condé et la culpabilité des détenus politiques étaient les lettres d’excuses publiques et de repentance.
Ils ajouteront certainement que Foniké Mengué, Ousmane Gaoual, Étienne Soropogui, Cherif Bah, Cellou Baldé, Sekou Koundouno, Ibrahim Diallo, etc., étaient des anti-guinéens et des comploteurs fabricants d’armes. Ils n’hésiteront pas de dire que Roger Bamba est mort confortablement dans un hôpital et non en prison.
Ils diront que les rapports des organisations de défense des droits de l’homme étaient faux, partiaux et politiquement motivés. Que les chiffres des victimes ont été exagéré et qu’il n’y avait même pas de prisonniers politiques. Plutôt il y avait des ennemis du peuple qui aimait son Président qu’il plébiscitait à chaque élection.
Que les témoignages des victimes sur l’horreur du camp de Soronkoni à Kankan et la maison centrale de Conakry en passant par les ‘’charniers’’de N’zerékoré n’étaient que des inventions des saboteurs de la Guinée.
N’est-ce pas de cette façon que certains essayent jusqu’à présent de nous imposer une version erronée de notre histoire politique ? N’est-ce pas la communication d’État aujourd’hui qui risque de servir demain de base de raisonnement pour ceux à qui le régime profitait d’une façon ou d’une autre ?
Sans passion, écoutez les discours d’Alpha Condé et les communiqués de son gouvernement. Analysez l’attitude des dignitaires de son régime. Ensuite, réfléchissez sur le passé, vivez activement le présent et imaginez le futur. Ce pays ne vous surprendra jamais car le système et ses pratiques sont restés fondamentalement les mêmes.
C’est pourquoi, tant qu’il n’y aura pas l’émergence d’un leadership courageux, intègre et compétent qui incarne la rupture radicale, notre pays risque de tourner en rond en donnant l’illusion de changer à coup de vernis. Et cela profitera toujours au même petit cercle d’individus véreux et criminels.
En somme, voilà ce qui risque d’arriver en permanence dans un pays où les hommes de valeur disent naïvement qu’ils ne s’intéressent pas à l’activisme politique et social.
Aliou BAH
FNDC
MoDeL