La Guinée entre dans une nouvelle ère énergétique. Le 18 juin 2025, Conakry a accueilli la toute première Table ronde sur les hydrocarbures en Guinée, présidée par le Premier ministre Amadou Oury Bah. Pendant trois jours, décideurs, experts et partenaires discutent d’une stratégie énergétique durable, autour du thème : « Leçons du passé, ambitions pour demain ».

Un retard à rattraper dans l’exploration pétrolière

Depuis cinquante ans, la Guinée n’a foré que trois puits pétroliers. Le Sénégal, pour comparaison, en compte plus de 300. Ce retard s’explique par une politique énergétique tournée vers les mines et une absence de stratégie pétrolière claire.

Le pays possède pourtant un potentiel important : 93 000 km² de bassin offshore, dont la majorité reste inexplorée, ainsi que des données sismiques 2D et 3D déjà collectées.

Réduire les vulnérabilités du système énergétique

L’explosion du dépôt pétrolier de Conakry, en décembre 2023, a mis en évidence des faiblesses graves : stockage insuffisant, déficit d’infrastructures, et forte dépendance aux importations.

Le ministère de l’Énergie a annoncé un plan d’action basé sur trois axes :

• Augmenter la capacité nationale de stockage ;

• Développer les moyens de transport des carburants ;

• Encourager l’usage du gaz butane comme énergie domestique.

Ces mesures doivent renforcer la résilience du pays et préserver ses forêts.

Vers un modèle guinéen d’indépendance énergétique

Pour Abdoul Rahime Barry, directeur général des Hydrocarbures, cette table ronde doit marquer un tournant. Il plaide pour un modèle énergétique adapté à la réalité guinéenne, basé sur la valorisation du gaz, la structuration du secteur en aval, et l’amélioration du cadre réglementaire.

Le solaire en complément des énergies fossiles

Le Premier ministre a souligné l’importance de diversifier les sources d’énergie. L’objectif est d’atteindre 1,3 gigawatts de production solaire d’ici 2026. Cette capacité devrait répondre à la demande intérieure et favoriser la transformation locale de matières premières comme la bauxite.

Il appelle aussi à intensifier les prospections pétrolières pour confirmer l’existence de gisements exploitables.

Miser sur les données et la formation

Lors d’un panel consacré à la relance de l’exploration, les experts ont insisté sur la nécessité d’analyser les anciennes données sismiques et de former du personnel technique qualifié. « Sans forage, pas de découverte », ont-ils rappelé.

Une feuille de route pour l’avenir énergétique du pays

Cette table ronde marque un moment clé pour le pays. Elle réunit les institutions, la société civile et les investisseurs autour d’un même objectif : faire des hydrocarbures en Guinée un pilier de développement et de souveraineté.