En Guinée, trois personnes sont mortes jeudi dans des heurts entre les forces de sécurité et la jeunesse de la ville de Labé, dans le centre du pays. Labé est un des centres de la contestation du référendum constitutionnel demandé par le président de la République, Alpha Condé.
Ce vendredi matin, Labé se réveille dans l’inquiétude après les violences de ce jeudi. « Je suis écœuré par ce qui vient de se passer », confie, avec émotion, un cadre de l’administration de Labé. La ville pleure trois personnes : deux jeunes tués par balles, dans l’après-midi, et un ambulancier, pris à partie par les forces de sécurité alors qu’il tentait d’évacuer le corps d’une victime.
L’ambulancier se prend une balle…
Dès le matin, ce jeudi, des barricades avaient été érigées dans les rues de Labé. Les jeunes manifestants ont d’abord tenté de s’en prendre au gouverneur. Les forces de défense et de sécurité ont alors organisé son évacuation et une violente répression. Des coups de feu partent, et deux jeunes hommes sont touchés.
L’un des deux, blessé, trouve refuge dans la mosquée de la ville. Malgré la médiation de l’imam et du maire, les forces de sécurité ont empêché son évacuation à l’hôpital. Il est décédé dans l’après-midi. Quelques heures plus tard, c’est l’ambulancier venu chercher la dépouille qui a reçu une balle.
« Les jeunes sont révoltés, il y a eu trop de morts », se désole Mamadou Aliou Lally Diallo, maire de Labé. Ce vendredi, les responsables de la ville redoutent un regain de tension, alors que les trois victimes pourraient être inhumées dans la journée.
Vers une date de référendum
Dans le reste du pays, la situation est plutôt calme : le Front national pour la défense de la Constitution a suspendu son mouvement jusqu’à mardi. Une trêve pour permettre aux habitants de faire leurs courses et en ce vendredi, jour de prière, pour la communauté musulmane.
La Guinée attend surtout de savoir quand aura lieu le référendum sur la nouvelle Constitution. Cette question a été abordée en Conseil des ministres jeudi. La date du référendum doit être annoncée dans un décret présidentiel. Selon une source gouvernementale, le référendum pourrait bien avoir lieu en même temps que les législatives prévues le 16 février.
Un scrutin déjà boycotté par l’opposition, qui dénonce à la fois l’état du fichier électoral, et une éventuelle candidature d’Alpha Condé pour un troisième mandat.