Les uns, détenteurs du pouvoir, incapables de produire des idées pour aider leur champion à réussir la transformation de la société guinéenne qu’il ambitionne, consacrent leur temps, avec une incommensurable débauche d’énergie, à vouloir sans cesse clouer au pilori l’opposition. Allant parfois jusqu’à lui nier son droit d’exister. De quoi se demander s’ils ne sont pas amnésiques au vu de ce qu’ils vécurent, eux-mêmes, sous la dictature de la deuxième république. Pourtant quand on est aux affaires, il n’y a pas mieux que les résultats concrets pour clouer le bec aux détracteurs.
Les autres, totalement improductifs au niveau des solutions alternatives à proposer à ce peuple qui depuis trop longtemps végète dans la misère, passent le clair de leur temps à exacerber les contradictions intrasociales afin d’entretenir une instabilité permanente dans le but d’affaiblir le pouvoir de l’adversaire politique ; peu importe que cela soit dans l’intérêt de la nation ou pas. Mais ils oublient que si d’aventure ils arrivaient à leur fin, ils récolteraient immédiatement la tempête de ce vent qu’ils s’acharnent à semer.
Cette situation de deux monstres se nourrissant l’un de l’autre dans une atmosphère de pandémonium perdure grâce d’une part au silence coupable des esprits rationnels et d’autre part à la complicité d’une frange importante du peuple qui s’est laissée convaincre par les arguments irrationnels que sont l’appartenance ethnique, l’origine géographique, le nom etc…
Or, nul besoin d’être agrégé en Histoire pour savoir que depuis des décennies s’il y a bien une chose que toutes les ethnies de la Guinée ont en commun c’est la lutte quotidienne pour la survie en essayant, tant bien que mal, de joindre les deux bouts et ce, indépendamment de l’appartenance ethnique des ministres et présidents qui se sont succédé à la tête du pays. En effet, le paysan de Baranama a toujours connu les mêmes difficultés que celui de Ditinn et la ménagère de Wonkifon n’a jamais été mieux lotie que sa compatriote de Diécké.
Alors, aujourd’hui deux choix s’offrent à nous ; participer à entretenir cette atmosphère délétère et compromettre le présent et l’avenir de la nation ou dire STOP aux extrémistes et aux promoteurs du chao, à l’affût de la première occasion propice à se faire une place au soleil, qui semblent être de différents bords politiques mais qui, en réalité, sont tous du même parti; celui de l’opportunisme.
Nous ne devons pas abandonner notre NATION aux prophètes de la surenchère politique qui ne trouvent leurs comptes que dans les eaux troubles, peu importe que la couleur de celles-ci soit pourpre du sang des fils de Guinée.
A la jeunesse guinéenne, très souvent instrumentalisée dans ces combats aveugles pour la conservation ou la conquête du pouvoir, je demande de refuser de recevoir en héritage la violence et la haine de l’autre. Autrement, elle se transformera en une force aveugle de destruction de son propre avenir.
Au peuple de Guinée, peuple de ce pays mien, ce pays que je chéris tant, je demande un sursaut patriotique pour dire non à la violence et à la haine ethnique. Aucun politicien ne mérite que le cimetière des enfants de Guinée soit pour lui un champ de célébration de victoire. Aucun !
Les considérations partisanes et les loyautés régionales ou ethniques doivent laisser place à l’intérêt national qui est plus grand que tout.
Puisse Dieu bénir la Guinée !
Laye BAMBA