Désignée « capitale mondiale du livre » par l’Unesco il y a un an, Conakry a passé le témoin à la ville d’Athènes ce 22 avril lors d’une cérémonie en présence du chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé. Dans un pays où la majorité de la population est analphabète et l’accès à la culture réservé à une élite, les acteurs du secteur sont plus ou moins satisfaits de cette manifestation.
Sur l’esplanade du Palais du peuple de Conakry, la capitale guinéenne, des danseurs traditionnels, des acrobates et des judokas étaient présents ce 22 avril pour le passage de relai à Athènes en tant que capitale mondiale du livre pour un an. Les auteurs se trouvaient quant à eux dans les tribunes de l’évènement.
« Il y a eu un engouement, une émulation, estime Alhassane Chérif, président de l’association des écrivains en guise de bilan de l’année. Tout le monde s’est mis à écrire et 160 titres ont été édités rien que pour l’évènement « Conakry capitale mondiale du livre ». »
La plupart saluent un nouvel élan, un espace de rencontre et de médiatisation ainsi que la construction de bibliothèques et de « points de lecture » dans les quartiers.
Analphabétisme
Mais beaucoup reste à faire. « Ils sont alimentés avec des dons mais pas totalement adaptés au public guinéen, déplore Marie-Paule Huet, de la maison d’édition Gandal. C’est désolant. On a vu beaucoup de jeunes s’intéresser aux livres, mais ils appartiennent déjà à des clubs littéraires. Je ne crois pas qu’on ait eu énormément d’impact sur la population même de Conakry. »
Sansy Kaba Diakité, le commissaire de l’évènement, répond : « On ne travaille pas pour peuple. Ce n’est pas pour choquer. C’est à l’Etat, au président de la République, de faire ce travail. Ce n’est pas à nous, pendant une année, d’alphabétiser toute la Guinée », où l’analphabétisme touche de 60% de la population. Le président guinéen Alpha Condé suggère désormais d’éditer des livres dans les langues nationales pour toucher un plus large public.
Lors de son discours de clôture, le chef d’Etat s’est par ailleurs fendu d’une violente diatribe contre les enseignants guinéens, décrits comme « des gens qui nous fatiguent, qui crient, mais qui ne savent même pas parler français ». « Comment peuvent-ils l’apprendre à nos enfants ? », s’est-il emporté. En début d’année, le principal syndicat des enseignants avait mené une grève d’un mois avant d’obtenir une revalorisation des salaires.