Le dialogue entre les acteurs politiques guinéens a été rompu depuis presqu’une année. La crise née de l’organisation du double scrutin référendaire et législatif, le 22 mars dernier ravive les tensions entre les deux (2) camps.
Depuis la reprise des manifestations politiques déclenchées par le Front National pour la Défense de la Constitution regroupant les partis politiques de l’Opposition et les Organisations de la société civile, le 14 octobre 2019, le dialogue se trouve au point mort. L’opposition absente des dernières élections législatives et référendaires, campe sur sa position et exige des conditions pour retourner à la table des négociations.
Ce sont entre autres l’annulation des élections du 22 mars dernier et la non candidature du président sortant, le Pr Alpha Condé à l’élection présidentielle de 2020. Aussi l’opposition républicaine dit-elle ne pas reconnaître la nouvelle constitution et le nouveau parlement guinéen. Elle récuse également la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), en charge de conduire le processus électoral.
La mouvance présidentielle, quant-à-elle balaie d’un revers de mains ces revendications et défend mordicus que la révision de la constitution a été menée conformément à l’article 51 de la constitution du 07 mai 2010.
Les dernières manifestations politiques ont causé la mort des dizaines de guinéens et la destruction des biens publics et privés. Des symboles de l’Etat ont été pillés ou vandalisés, des responsables locaux de l’administration, chassés et le matériel électoral détruit ou incendié dans plusieurs localités de la Moyenne Guinée, de la Basse Guinée et de la Guinée Forestière. Des affrontements à caractère ethnique ou communautaire se sont soldés par des pertes en vies humaines et des dégâts matériels considérables.
Cependant, le président de la République a pris récemment un acte qui pourrait favoriser la reprise des contacts entre les acteurs politiques. Cet acte officiel instruit le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation à procéder à l’installation des conseils de quartiers et de districts. Une des revendications de l’UFDG, de l’UFR et d’autres formations politiques de l’opposition.
Cette décision du Chef de l’Etat répond à la satisfaction d’un des points clés des derniers accords politiques qui avaient permis d’organiser les élections locales et communautaires du 4 février 2018. La mise en œuvre de cet accord politique est un signe d’espoir pour un retour au dialogue politique entre les acteurs politiques du pays.
Les appels à un dialogue inclusif entre les acteurs guinéens se sont multipliés ces derniers temps. La CEDEAO, l’Union Africaine, et l’ONU, ont tour à tour invité les guinéens à résoudre leurs différends par le dialogue et la concertation, en vue, disent-elles, de consolider les acquis démocratiques et créer les conditions nécessaires pour l’organisation d’une élection présidentielle apaisée et consensuelle.
C’est dans cette perspective, que le président Alpha Condé a invité toutes les forces politiques du pays à un dialogue en vue de s’accorder sur les modalités de la tenue d’une élection présidentielle inclusive.
Il revient désormais au premier ministre, Dr Ibrahima Kassory Fofana, responsable du dialogue politique et social du pays à concilier les positions divergentes et renouer le fil de dialogue au bénéfice de la paix, de la stabilité et du développement de la Guinée.
Le dialogue et le consensus entre les forces politiques ne datent pas d’aujourd’hui en Guinée. Pour rappel, en 2009, les actuels protagonistes se sont réunis au sein d’un même mouvement dénommé ‘’Forces vives de la Nation’’ pour faire front commun contre le maintien au pouvoir du chef du CNDD, le Capitaine Moussa Dadis Camara. Un accord obtenu à Ouagadougou avait permis la mise en place d’une CNT et d’un gouvernement d’Union nationale. Le même consensus a permis d’organiser les élections législatives de 2013, et les élections communales et communautaires de 2018. Vivement la reprise des travaux du comité de dialogue politique inter-guinéen.
Une dépêche à l’initiative de Search For Commun Ground en collaboration avec le National Démocratic Institute (NDI) sur financement de l’USAID.
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