Elie Kamano est un artiste, compositeur, écrivain guinéen. Il est aussi acteur de la société civile.
Il est auteur de plusieurs albums et tubes vendus en Guinée et à l’international.
Jusque-là, artiste et acteur de la société civile, défenseur des droits humains, Elie Kamano a rasé ces rastas et a dit au revoir à la musique.
Désormais, le raggaeman pose ses valises dans la politique.
Dans cette interview qu’il a bien voulu accordée à journaldeconakry.com, Elie Kamano parle de ses motivations, de ses objectifs entre autres.
Bonjour Élie. Vous avez décidé de stopper la musique et de vous lancer dans la politique. Dites-nous qu’est-ce qui motive votre décision ?
Elie kamano: Ce qui motive ma décision c’est d’abord la frustration, c’est le ras de bol généralisé dans une société où ce qu’on croyait être la solution à nos problèmes est en réalité les vrais problèmes à la solution à nos problèmes. Donc je ne peux pas accepter d’observer pendant 21 ans cette crise qui va de mal en pire, que je dénonce tous les jours dans mes chansons. Je ne peux pas accepter et comprendre qu’on ne trouve pas de solutions parce que tout simplement les gens n’ont pas la volonté patriotique de trouver des solutions et d’améliorer les conditions de vie des guinéens. Alors j’ai décidé de descendre dans l’arène politique afin d’être un décideur qui pourra impacter demain sur les décisions qui amèneront justement la Guinée à être dans le rang des pays émergents.
On se souvient récemment vous avez annoncé votre participation aux élections communales du 04 février. Sauf qu’à la dernière minute, vous avez désisté. Pourquoi ?
J’ai désisté parce que j’ai compris que en devenant Maire je réduisais mon champ d’action et ma capacité de mobilisation en Guinée parce que devenir Maire c’est être mandaté par les populations d’une commune. Alors j’ai compris après l’action de Boke que la jeunesse dans son ensemble me considère et que je suis à une autre dimension et que cette dimension me permet aujourd’hui de m’engager à la députation ou à la présidentielle.
Alors, après 21 ans de carrière musicale, Elie se lance en politique. Est-ce un adieu à la musique ?
Ce n’est pas un adieu c’est tout simplement un au revoir. Je dis au revoir à la musique ça veut dire à nous revoir, on peut se revoir à tout moment mais pour le moment, je raccroche d’abord pour que les Guinéens sachent que j’ai enlevé mes rasta pour que les guinéens sachent qu’au-delà des rastas, je porte cet amour à la musique à travers ce peuple, c’est le peuple qui m’amène à aimer la musique. C’est le peuple qui m’amène à lutter dans la musique. Je suis un soldat du peuple. Alors je suis tenu obligé de me soumettre à la volonté du peuple qui en son sein a certaines valeurs et ces valeurs voudraient que quand tu penses présidentielle que tu sois sérieux même dans ta tenue vestimentaire et même dans ta présentation physique.
Est-ce que vous pensez qu’en intégrant la politique vous aurez plus de liberté de ton pour dénoncer les tares dont vous avez toujours fustigé dans vos chansons?
Je pense qu’on peut tout reprocher au professeur sauf le fait d’arrêter des personnes pour leur conviction. Je suis la seule personne en tant que activiste qui a été arrêté trois fois ici. Tous les opposants, même Jean Marc telliano qui a même dit que le président Alpha Condé n’est pas guinéen, n’ont jamais été inquiété où arrêté. Je sais qu’en étant politique je jouirai de la même liberté et je ferais ce que je voudrais.
La politique ou la société civile nous donne la liberté d’expression parce qu’elle est recommandée par la législation.
Qu’est-ce que vous n’avez pas gagné dans la musique que vous comptez obtenir dans la politique ?
Ce que je n’ai pas gagné en musique ce sont des résultats, l’impact concret et tout ce que j’ai chanté en musique ne s’est pas concrétisé au niveau des gouvernants. Au niveau des gouvernés je tire comme profit le fait que j’ai gagné ma vie. Mais je ne peux pas modestement prendre l’argent que j’ai gagné dans la musique, avec mes albums et vivre à l’abri du malheur ou de la misère avec la pauvreté qui frappe la Guinée.
Il faut que les gens comprennent que je ne viens pas dans la politique parce que je suis dans le besoin. Je suis à l’abri du besoin grâce à mon combat. Ce que je n’ai pas gagné c’est le changement de comportement effectif et systématique au sein des gouvernants parce que tout simplement, ils ne changent pas de comportement c’est les mêmes qui sont là ce sont les mêmes qui nous empêchent d’évoluer et d’avoir une vie descente. Je pense qu’en descendant dans l’arène politique, qu’en devenant politicien et décideur je pourrais changer la donne.
Allez-vous créer un parti politique ou un mouvement en vue de vous présenter à l’élection présidentielle de 2020?
Pour le moment un mouvement.
Comment va-t-il s’appeler ?
Pour le moment je tais le nom parce que c’est une annonce. Nous venons avec un discours différent de celui des vieux de 80 ans qui viennent parce qu’ils n’ont que des souvenirs, ils n’ont pas d’avenir. Et cette jeunesse qui a envie de contrôler l’appareil exécutif doit avoir confiance aux jeunes parce qu’il n’y a que nous les personnes de la même génération qui pouvons changer la donne dans notre pays.
Votre dernier mot.
J’appelle tous les jeunes guinéens, indécis de venir massivement dans ce mouvement qu’on va faire et qui deviendra un parti politique et en 2020 pour prouver dans les urnes que la Guinée a besoin de changer. On ne peut pas continuer dans cet état léthargique des faits à accuser les dirigeants pendant que nous-mêmes on refuse de bouger. Ceux qui pensent qu’Elie Kamano est fou, à eux, je dirais que c’est les doux qui ont transformé le monde. Il faut qu’on arrête de diaboliser les nationalistes, les panafricanistes, les patriotes.