Conakry sous tension : Doumbouya convoque le Conseil de Défense face à la menace intérieure
Conakry, 19 août 2025 – Le lundi, le Palais Mohamed V a accueilli une réunion d’une gravité exceptionnelle : la toute première session du Conseil Supérieur de Défense Nationale (CSDN), élargie à la Commission Nationale de Défense et de Sécurité. Présidée par le Général Mamadi Doumbouya, cette rencontre marque en effet un tournant stratégique dans la gouvernance sécuritaire du pays. Derrière les discours officiels, une réalité s’impose : le régime se prépare à affronter une menace qui ne vient pas de l’extérieur, mais du cœur même de son appareil militaire.

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Une guerre souterraine contre les commandos « invisibles »
Depuis plusieurs mois, les « commandos invisibles » – groupes dissidents insaisissables liés à l’ancien système sécuritaire – défient l’autorité du CNRD. Leurs actions ciblées, leur mobilité et leur capacité à infiltrer les casernes ont révélé les failles de l’armée guinéenne. Face à cette menace, Doumbouya durcit le ton : chaque opération, chaque arrestation sera désormais légitimée par le Conseil, qui devient le bras juridique et stratégique du régime.

Trois priorités pour restaurer la cohésion
Dans son allocution, le Chef de l’État a fixé trois axes majeurs :
- Responsabiliser les acteurs sécuritaires, pour que chacun assume pleinement ses fonctions.
- Renforcer l’opérationnalité des dispositifs de défense, gage de confiance pour la population.
- Assurer la sécurisation du vote référendaire du 21 septembre, dans un climat de sérénité et de dignité.
Cependant, au-delà de ces objectifs institutionnels, le Conseil semble préparer un affrontement plus souterrain : celui qui oppose les loyalistes aux dissidents tapis dans l’ombre.

Commandos invisibles : méfiance dans les casernes, le pouvoir à l’épreuve
Les casernes sont traversées par la peur. Les échecs répétés des unités loyalistes à neutraliser les groupes rebelles alimentent les rumeurs et fragilisent l’autorité présidentielle. Chaque date symbolique – notamment le 5 septembre, anniversaire du coup d’État – devient une source de tension. Pour Doumbouya, l’enjeu est clair : restaurer la cohésion militaire ou risquer l’implosion.

Commandos invisibles : un Conseil, un pacte pour l’unité
Créé par décret présidentiel le 11 juin 2025, le CSDN n’est pas qu’un organe consultatif. Il devient le théâtre d’une recomposition du pouvoir militaire, où les généraux sont appelés à se rallier ou à s’effacer. Le message est limpide : l’unité n’est plus une option, c’est une exigence vitale.
Finalement, en Guinée, le pouvoir ne tremble pas face à l’ennemi extérieur. Il vacille sous le poids de ses propres fissures. Et dans cette guerre silencieuse, le Conseil de Défense devient le dernier rempart d’un régime en quête de loyauté. Mais ce recentrage du pouvoir militaire annonce-t-il une consolidation du régime ou, au contraire, une fragilité grandissante face aux dissensions internes qui pourraient compromettre la transition démocratique ?
