Unique femme maire de Guinée, Aminata Touré élue le 04 février à la tête de la stratégique commune de Kaloum, a un parcours atypique. De la fonction de juge à celle d’entrepreneure, la fille aînée du feu premier président guinéen Ahmed Sékou Touré a crée la surprise aux yeux des guinéens. Son parcours, les clefs de sa victoire, ses ambitions, la maire de Kaloum s’est confiée à notre rédaction.
Juriste de formation, Mme Camara Aminata Touré a été juge d’instruction. Ensuite elle a travaillé au Tribunal pour enfants et dirigé le tribunal domanial de Mafanco. Après 1984, elle a quitté la Guinée pour s’installer au Maroc en créant une entreprise privée de communication. Par la suite, la patronne de Kaloum Yigui, s’est retrouvée dans le BTP en Guinée avant de se lancer dans la politique.
« Je suis revenue en Guinée étant une femme entrepreneure dans la construction. C’est de là que je me suis battue pour briguer le poste de maire de Kaloum. Quand je suis rentrée dans cette campagne, j’avoue que je ne pensais pas du tout politique. Je pensais développement, parce que je me suis dit ce n’est ni les législatives, ni les présidentielles c’est les communales, une élection de proximité. Dans ma campagne, je n’ai parlé que de développement, parce qu’à ce niveau nous devons penser au développement de nos communes respectives. C’est sur cela que nous avons mené notre combat tout au long de la campagne. Nos populations ont adhéré à cela. Elles se sont retrouvées à notre discours et aujourd’hui nous sommes à la tête de cette commune et nous nous employons à respecter nos engagements vis-à-vis de notre peuple », raconte madame le maire de Kaloum.
Aminata Touré se souvient avoir bien élaboré a campagne. D’abord, raconte-t-elle, elle a commencé par créer un bureau de communication au Maroc qu’elle a dirigé pendant 7 ans. « J’avais les prémisses de la communication. Le porte à porte nous a permis de nous rapprocher des populations à la base et de comprendre leur préoccupation », lance la figure de proue de Kaloum Yigui.
Il faut aller vers les populations pour connaitre leurs préoccupations. « Pendant un mois nous avions sillonné toutes les quartiers de Kaloum, toutes les maisons et concessions de Kaloum. Nous sortons à 17 heures et nous terminions de fois vers minuit. Je pense que cela a porté. Pendant la campagne nous n’avons pas fait beaucoup de bruit c’est-à-dire de musiques et de danses. Nous avons consacrés notre campagne à l’assainissement et je pense que cela aussi a porté. C’était une façon pour nous d’exprimer aux populations ce que nous souhaitons pour elles, leur bien-être avec un environnement sain et propre. Je dirais que j’avais une équipe forte autour de moi composée de jeunes et de femmes très dynamiques et très engagés. Nous avons travaillé ensemble dans la campagne. L’équipe a gagné », a révélé Mme Touré avec un visage serein.
A l’occasion de la fête internationale de la femme célébrée le 8 mars, madame la maire de Kaloum interpelle toutes les femmes à la création d’un grand mouvement pour bâtir la solidarité féminine.
« Je commencerai par dire aux femmes de Guinée qu’elles sont des pionnières en Afrique. Elles doivent le savoir et elles ont un lourd héritage qu’elles doivent perpétuer. Parce que nous avons eu des femmes de valeurs dans notre pays comme M’Balia Camara, Hadja Mafory Bangoura. Nous avons eu Jeanne Martin Cissé qui a été la première femme présidente de la panafricaine des femmes et la première femme à diriger le conseil de sécurité des Nations Unies. Nous avons eu une dame Colonel Binta Diallo qui a été la première femme pilote de l’Afrique de l’ouest. Donc nous avons des précédents très forts. La femme guinéenne n’est pas une femme complexée. Elle s’est toujours battue, elle a été à l’avant-garde de la lutte pour l’indépendance. La femme guinéenne occupait des places de choix. Les femmes guinéennes sont battantes, dynamiques, engagées mais il y a quelque chose qui manque. C’est la solidarité. Le message que je lance vers toutes les femmes de Guinée, c’est la solidarité. Nous ne pouvons pas gagner de bataille si nous ne sommes pas solidaires entre nous. Nous devons nous consacrer à l’épanouissement de l’autre. Je pense avec l’entraide entre nous pourrons casser la baraque. Je pense fortement à la création d’un grand mouvement de femmes qui regroupe toutes les femmes sans qu’elles perdent leur identité partout où elles sont. Au moins qu’on aille à la bataille en parlant d’une même voix », a lancé Aminata Touré.