Le président Alpha Condé est en tournée aux Etats-Unis. Dans un entretien exclusif à VOA Afrique, il explique que cette visite est axée sur l’économie, mais aussi les raisons de son récent appel à des consultations en vue de changer la constitution de son pays.
Alpha Condé veut attirer les investisseurs américains. D’ailleurs, une compagnie américaine veut investir dans l’exportation du gaz en Guinée et le département américain de l’énergie a accordé une subvention d’un million de dollars pour l’étude d’impact. Le président guinéen est également venu promouvoir l’exportation de produits agricoles vers les Etats-Unis.
Quel a été l’objet de votre rencontre avec les hommes d’affaires ?
‘’C’est que nous souhaitons attirer les hommes d’affaires américain. Lorsque, j’étais président de l’Union Africaine, nous avons eu une rencontre avec le président Trump, je lui ai dit que en tant que président venant du privé, il doit comprendre l’importance d’accompagner les entreprises privées et que si le gouvernement accompagnait les entreprises privées américaines comme le fait le gouvernement chinois, que cela permettrait d’aider les entreprises américaines’’, a répondu le Chef de l’Etat guinéen.
‘’Opportunité des Etats d’accompagner les entreprises’’
‘’Je constate, que le président a décidé de créer des structures et de mettre 60 milliards de dollars pour accompagner les entreprises américaines. Donc, nous pensons que c’est le moment, que nous venions attirer le maximum d’entreprises américaines vers le pays, étant donné qu’avec les différents potentialités, la Guinée est impliquée dans le domaine minier et agricole’’.
Donc, vous estimez que l’investissement privé est tout aussi important que la coopération Etat-Etat ?
‘’L’Afrique a plus besoin d’investissements que de dons. Vous savez nous ne sommes pas des mendiants. Il est évident que l’investissement public à travers la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International, est extrêmement important, nous souhaitons obtenir aussi des crédits concessionnels des pays mais, réellement, le rôle du gouvernement, c’est de créer les conditions les meilleures pour les investissements. Vous savez très bien qu’un pays ne peut se développer sans que les secteurs de bases (énergie) ne soit disponible. Pour le développement industriel, nous avons nécessairement besoin de partenaires publics-privés’’, a-t-il expliqué.
Vous parliez de l’énorme potentiel de la Guinée, depuis que vous êtes au pouvoir, vous pensez que ce potentiel est suffisamment exploité pour s’ouvrir aux investisseurs ?
Alpha Condé précise alors que : ‘’La Guinée a connu quand même 50 ans de retard, la 1ère Républicaine avait des entreprises publiques qui ont été liquidées, après il n’y a plus rien eu jusqu’à mon arrivée en 2011, La Guinée était considérée comme le canard boiteux par le Fonds Monétaire International, parce qu’on n’a jamais su mener un seul programme. C’est avec moi, que nous avons pu avoir le (PPTE), ça veut dire que la Guinée ne pouvait pas avoir de crédit e dehors des crédits concessionnels. Nous sommes en train de conclure la 3ème revue. Donc, au niveau de la macro-économie, nous avons fait des progrès énormes, puisque notre inflation, qui était de 21% est descendue à 8%”.
”Ensuite, quand je suis arrivé bien qu’on ait plus de la moitié des réserves mondiales de la bauxite on exportait que 13 millions de tonnes. Aujourd’hui on est à 80 millions et on sera à 100 millions de tonnes l’année prochaine. Ce n’est pas seulement exporter la bauxite, nous avons trois entreprises, qui sont en train de créer une raffinerie parce que nous voulons que notre bauxite soit transformée localement. D’où l’importance de l’énergie étant donné qu’avec barrages que nous sommes en train de faire l’énergie hydraulique ne peut pas permettre de transformer la bauxite en alumine avec de la vapeur. C’est pourquoi, nous attirons des gens pour faire des centrales à Gaz. Nous venons aussi de signer deux accords : Un pour l’exploitation des minerais de fer de Zogota et jeudi dernier avec une société américaine pour l’exploitation des gisements de fer du mont Nimba. Ces projets ont existé depuis la 1ère République mais ils n’ont jamais été réalisé. Donc, nous venons aussi de lancer l’appel d’offre pour Simandou 1 et 2, qui se trouve être le projet le pus important dans le monde aujourd’hui, parce qu’il y a la mine, le chemin de fer de 700 Km et le port en eau profonde. Nous venons aussi de finir la géophysique, qui montre que la Guinée a beaucoup d’autres réserves ce n’est pas seulement la bauxite, l’or et e diamant. Nous avons le cobalt, la platine, le cuivre, (…). Je précise, que le changement en Guinée ce n’est pas les mines. La Guinée ne peut se développer, que par l’agrobusiness’’, a souligné, le chef de l’Etat guinéen’’, a t-il poursuivi.
Vous avez lancé un vaste programme d’investissement pour la Guinée, est-ce que vous pouvez nous en dire plus à l’horizon 2035 ?
‘’Dans le secteur de l’agriculture, nous avons un programme de fonds avec la Banque mondiale pour un montant de 400 millions de dollars pour nous permettre de transformer notre agriculture. Ensuite la BAD doit nous aidez à faire des plateformes afin qu’on puisse trouver des partenaires, qui peuvent faire 2000, 3000, 4000 voire 5000 hectares. Donc, il faut une chaine de valeur pour financer l’agriculture et cela de la transformation au transport en passant par la commercialisation. Nous avons déjà prévu deux plateformes, une à Kamsar et le second en Haute Guinée. Mais l’objectif visé est de fire cinq les trois autres seront au Foutah, en Guinée Forestière mais aussi à Faranah. Aujourd’hui, nous sommes en train de mettre tout notre potentiel. Nous avons aussi des barrages avec Kaléta, qui fait 240 mégawatts, nous sommes en train de finir Souapiti, qui fait 450 mégawatts, nous allons lancer avec l’OMVS à Koukoutamba, dans Tougué, qui va faire 200 mégawatts et la société TBEA va faire en BOT le barrage Amaria. Donc, en moins de 10 ans, nous avons prêt de 800 mégawatts, que nous avons fait alors qu’on était à 100 et quelque’’, a-t-il déclaré.
Vous avez besoin de plus de temps pour continuer dans ces projets ?
‘’Les projets, c’est sur de longues années, c’est-à-dire plusieurs générations. Si vous prenez, les Etats-Unis, le développement c’est fait après plusieurs générations. Donc, il s’agit de lancer les projets et progressivement avec la jeunesse africaine et guinéenne en particulier qui maîtrisent les nouvelles technologies de continuer ce que nous avons commencés’’, a confié Alpha Condé.
Vous entendez allez jusqu’à quand ?
‘’ça seul Dieu le sait et le peuple’’.
Vous avez demandé au premier ministre de lancer des consultations ?
Le président a expliqué à ce sujet que : ‘’C’est tout à fait normal parce que le peuple est souverain. Je vous fais remarquer, que les Etats-Unis ont déjà eu 27 constitutions, il est normal qu’on interroge le peuple. Le monde évolue, il est normal de comprendre ce que veut le peuple. Cela n’a rien avoir avec une élection. C’est de voir aujourd’hui, est-ce que les conditions sont remplies pour la protection des enfants (…). Donc, je ne suis pas venu au Etats-Unis pour discuter de la politique. Je suis venu pour les affaires. La Guinée est un pays souverain, qui a dit NON en 1958. La Guinée tient de sa souveraineté à l’indépendance. Les problèmes guinéens sont discutés en Guinée pas à l’extérieur’’.