Gonota: des femmes portent de graves accusations contre des gendarmes

Les conflits entre éleveurs et agriculteurs ne cessent de faire des victimes. A Lola, la quasi-totalité des habitants du village…

Les conflits entre éleveurs et agriculteurs ne cessent de faire des victimes. A Lola, la quasi-totalité des habitants du village Gonota Kpowèkwolè ont été interpellés par la gendarmerie de Lola a constaté.

 

Jeunes, femmes, veilles et même les sages sont dans les locaux de la gendarmerie de Lola depuis déjà plusieurs jours. Ils ont tous été arrêtés dans des conditions très violentes. Selon nos informations, ces interpellations interviennent suite à un cas de meurtre qui s’est produit depuis le dimanche 14 avril 2019. Mamadi Sidibé un agriculteur de la place qui était porté disparu depuis cette date a été trouvé dans un pâturage de bœufs abattu par des inconnus. Des jeunes accusant le chef de district d’avoir autorisé les éleveurs à s’installer dans la contrée se sont donc attaqués à ses bâtiments qui ont été saccagés. C’est après tous ces actes que les agents des forces de l’ordre informés se sont déployés sur le terrain et ont procédé à plusieurs arrestations, non sans brutaliser certains, d’après les témoignages que nous avons recueillis.

Une veille que nous avons interrogé à la gendarmerie de Lola nous explique : ‘’Nous sommes restés un matin, on nous a dit que Vieux qui a disparu. Il a été demandé à ce qu’on déploie les jeunes à sa recherche. Les jeunes sont allés trouver le corps de Vieux tué dans un parc. La sécurité a quitté à Lola. Arrivé sur les lieux, les agents ont arrêté tous les jeunes qui étaient près du corps. (…) Ils les ont amenés à Lola. C’est en ce moment que nous les femmes nous nous sommes mobilisées pour aller barricader la route à la rentrée du village. Nous étions torse nue. Arrivée, ils nous ont dit d’enlever le barrage. Nous avons refusé tout en leur demandant où étaient partis nos enfants. Ils ont dit que les enfants sont là mais d’enlever le barrage pour qu’on puisse ensemble nous rendre au village. Chose qui fut fait. Arrivé au village, les agents ont dit qu’ils doivent partir avec nos enfants. Nous aussi, nous nous sommes arrêtées à nouveau sur la route. Directement, ils ont commencé à lancer les gaz lacrymogènes, tout le monde s’est dispersé certains ne se retrouvaient plus. D’autres sont allés s’enfermer dans leurs maisons. Ils sont venus défoncer les portes et procéder aux arrestations des citoyens. Ils nous ont embarqués pour nous envoyer ici. Nous n’avons pas volé, nous n’avons rien fait’’ a témoigné la veille Wélé Tamara.

Une autre a enfoncé le clou : « J’ai appris que Vieux a été tué par des bouviers parce que son corps a été retrouvé dans un parc. Certains ont dit que Vieux a été égorgé. La gendarmerie a été informée. A leur tour, ils sont venus sur les lieux. Ils ont arrêtés tous les jeunes qui étaient auprès du corps. C’est ce qui a irrité les jeunes qui étaient au village. Ils se sont attaqués aux bâtiments qu’ils ont saccagés. Les forces de l’ordre qui étaient venus arrêter les jeunes se sont attaqués aux femmes parce qu’ils ont constaté que les jeunes ont fui. Ils ont offensé les maisons pour nous arrêter », explique Aissatou Sanoh.

Aujourd’hui, nourrices, enfants, veilles, sages sont tous en garde à vue alors qu’une dizaine de jeunes sont incarcérés disent-ils à Lola. Seuls ceux qui ont pu fuir le village pour rentrer en brousse ont été épargnés selon eux. Un agent des forces de l’ordre que nous avons interrogé sur les lieux a refusé toute intervention. Toutes nos tentatives d’interroger les responsables locaux de Guéasso la sous-préfecture d’où relève le village Gonota sont restées vaines