Le président du Rassemblement guinéen pour le développement (RGD), Abdoul Kabèlè Camara, dans une déclaration lue devant la presse, dimanche a déclaré qu’il ne reconnaît pas les résultats définitifs proclamés par la Cour constitutionnelle donnant Alpha Condé vainqueur avec 59,50%.
Ci-dessous la déclaration :
Guinéennes et Guinéens,
Les résultats de l’élection présidentielle du 18 octobre dernier égrainés par la CENI et confirmés aujourd’hui par la Cour constitutionnelle procèdent du manque de courage des hommes censés défendre nos institutions face au mensonge d’État.
Ces institutions sont soumises au pouvoir en place ont failli à leur rôle en accompagnant une fraude électorale planifiée et mise en œuvre sur tout le territoire.
Sans, comment expliquer la non-conformité des procès-verbaux affichés dans les bureaux de vote avec les résultats issus de la centralisation par la CENI et confirmés par la Cour constitutionnelle?
Nous devons refuser cette manipulation permanente, la Guinée mérite mieux.
Le Rassemblement Guinéen pour le développement ne cautionnera jamais une telle forfaiture et reste cohérent avec son engagement envers le peuple pour la défense de l’application stricte des lois et règlements de notre pays. Le principe de l’alternance est un principe sacro-saint de notre Constitution et nous y restons ferment attachés.
Nous ne pouvons donc pas reconnaître la victoire dès le premier tour du président sortant qui a fait un passage en force.
La configuration politique de notre pays et les résultats des différents bureaux de vote ne lui donnent pas une victoire dès le premier tour.
Les nombreux manquements à la loi constatés avant, pendant et après le contrôle sont de nature à remettre en cause tout le processus.
La CENI n’a pas tenu compte de l’arrêt de la Cour constitutionnelle l’obligeant à transmettre les copies des procès-verbaux aux partis politiques, les privant ainsi que les éléments de preuve exigés en cas de contentieux électoral.
La Cour Constitutionnelle n’a pas veillé à l’applicabilité de son arrêt. De même qu’elle n’a pas accepté le recomptage des voix qui aurait pu lui permettre de départager les candidats en poux, en toute transparence.
Chers Compatriotes,
Il faut bien comprendre qu’au-delà du destin présidentiel d’un homme, nous devons nous interroger sur notre trajectoire en tant que nation.
S i les pères fondateurs de notre Nation se sont battus pour arracher l’indépendance, notre histoire récente est une quête sans fin pour la démocratie.
Une démocratie dont les principes de base n’ont jamais été respectés dans notre pays. Car même si la Guinée dispose en effet de la plupart des institutions démocratiques reconnues à travers le monde, elle n’a pas promu d’hommes capables, par leur force morale, de les faire fonctionner correctement.
Des institutions fortes sans les hommes d’honneur pour les incarner, ne sont que des coquilles vides.
Notre pays a plus que jamais besoin de personnalités intègres dont les qualités morales ne souffrent d’aucun doute et dont le courage est à toute épreuve. C’est en cela qu’ils pourront être garants de la stabilité de notre patrie.
Cette élection devait permettre la consolidation de nos institutions républicaines par le biais de l’alternance démocratique. Mais malheureusement, en lieu et place d’une même compétition, nous avons assisté à un hold-up électoral.
La vérité est que les électeurs guinéens, dans leur majorité, ont choisi de tourner la page d’une gestion clanique et hasardeuse de l’État.
Ils ont fait preuve de civisme et de maturité politique pour défendre dans les urnes l’alternance démocratique consacrée par la Constitution.
Leur victoire leur a pourtant été volée et cela n’augure rien de bon pour la stabilité, la paix et le développement de notre chère patrie.
Un passage en force en intimer un autre. C’est maintenant qu’il faut y mettre fin si nous ne voulons pas voir tous les prochains présidents de la république s’éterniser au pouvoir.
Le coup d’État civil, appelé 3è mandat, a répandu les ténèbres sur notre pays, et engendré ainsi le chaos de la démocratie.
Mais très bientôt, par l’aide de DIEU, l’Etre éternel et le Très haut, l’ordre démocratique chassera les ténèbres, et la Divine lumière éclairera le chemin des patriotes.
Nous devons faire la promotion d’un nouveau comportement politique respectueux des règles qui nous engagent collectivement pour l’intérêt général.
La Guinée ne doit pas être gouvernée dans la division et dans la confrontation permanente. Mais la paix a une exigence de vérité, de justice et de réconciliation. Nous devons cela aux générations futures.
Me Abdoul Kabélè Camara, président du RGD.