Mamadi Doumbouya entre dans l’arène Présidentielle

CONAKRY – Le dernier jour. Celui où les promesses se muent en actes, où les rumeurs se figent dans le marbre de…

APA News

CONAKRY – Le dernier jour. Celui où les promesses se muent en actes, où les rumeurs se figent dans le marbre de l’histoire. Ce lundi 3 novembre, dans la chaleur accablante de la capitale, le chef de la transition guinéenne, le Général Mamadi Doumbouya, a franchi le pas. Vêtu d’un boubou traditionnel, tissu de rigueur et d’affirmation, il a gravi les marches de la Cour suprême pour y déposer sa candidature à l’élection présidentielle du 28 décembre. Une image forte, presque solennelle, qui clôt un chapitre pour en ouvrir un autre, bien plus incertain.

Une entrée en scène calculée

La scène était réglée au cordeau. Escorté par la garde présidentielle, l’homme fort de Conakry a matérialisé, par sa seule présence, un tournant que beaucoup appelaient de leurs vœux et que d’autres redoutaient dans le silence. Il y a quatre ans, le jeune officier prenait le pays par les armes, promettant une transition et une refondation. Ce lundi, il en a épousé les règles, officiellement devenu un candidat parmi d’autres. Ou presque.

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Car derrière ce dépôt de dossier, c’est une marée humaine et institutionnelle qui a déferlé. Une « vaste mobilisation », comme un écho à la pression populaire. La Synergie GMD25, coalition hétéroclite de mouvements citoyens, a orchestré la symphonie des appels. L’Alliance des forces patriotiques (AFP) l’a désigné sans surprise. Plus significatif peut-être, les 368 présidents des délégations spéciales, ces rouages locaux du pouvoir, ont presque tous apporté leur pierre à l’édifice de sa candidature. Ils invoquent, en chœur, le « leadership stabilisateur » de celui qui a su, selon eux, tenir la barre.

Un paysage politique méthodiquement recomposé

Le chemin vers ce lundi historique avait été balisé par les urnes. Le référendum constitutionnel de septembre dernier, approuvé par une écrasante majorité, a servi de sas. La nouvelle Loi fondamentale, en redessinant les règles du jeu, a offert le cadre légal à cette mue du soldat en politicien.

Pourtant, le décor dans lequel le Général Doumbouya fait son entrée n’a plus rien de celui de 2021. Le paysage politique a été méthodiquement recomposé, labouré par la transition. L’annonce, en octobre, de la certification de 51 nouveaux partis politiques – portant le total à 124 formations autorisées – dessine une arène électorale démultipliée, fragmentée. Une stratégie du nombre qui noie les voix dissonantes dans une polyphonie désordonnée.

Dans cette recomposition, certains noms resurgissent. L’UFR de Sidya Touré, désormais réhabilité, reprend sa place sur l’échiquier. D’autres, en revanche, brillent par leur absence. L’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le RPG de l’ancien président Alpha Condé, toujours suspendus, voient leurs leaders contraints à l’exil. La nouvelle Constitution, avec sa barrière d’âge à 80 ans, a aussi fait le ménage, écartant discrètement plusieurs figures historiques de la vieille garde.

L’ouverture d’une ère inédite et incertaine

En cédant aux appels de ses partisans, Mamadi Doumbouya a donc fait voler en éclats son engagement initial de ne pas se présenter. Il ouvre une ère inédite, où sa légitimité de soldat sera confrontée à celle, plus fragile, du suffrage universel.
Face à lui, à ce stade, seulement quatre prétendants ont réussi à franchir la porte de la CENI

  • Lansana Kouyaté, ancien Premier ministre et chef du PEDN ;

  • Ousmane Kaba, président du PADES ;

  • Makalé Camara, présidente du FAN et seule femme en lice ;

  • Faya Lansana Millimouno, leader du Bloc Libéral.

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