Le nouveau fichier électoral ravive les tensions à l’approche du référendum

Le fichier électoral biométrique, récemment présenté à Conakry, devait marquer un tournant vers le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée.…

Le fichier électoral biométrique, récemment présenté à Conakry, devait marquer un tournant vers le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. Il sera utilisé pour la première fois lors du référendum de septembre 2025 sur l’adoption d’une nouvelle Constitution. Pourtant, loin de faire consensus, ce fichier alimente déjà de vives polémiques politiques.

Selon les autorités, plus de 6,7 millions d’électeurs ont été enrôlés, y compris au sein de la diaspora. Le ministre de l’Administration du territoire, Ibrahima Kalil Condé, a salué un processus « réussi », fruit d’une mobilisation nationale et diplomatique, affirmant que le fichier électoral biométrique mettra fin aux crises électorales récurrentes.

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Mais dans les rangs de l’opposition et de la société civile, le doute domine. Le Forum des Forces Sociales de Guinée (FFSG) conteste la régularité des chiffres, particulièrement ceux de la région de Kankan, qui dépasse 2 millions de recensés, devançant Conakry, pourtant plus peuplée. Le vice-coordinateur du FFSG, Boubacar Biro Barry, dénonce un fichier « opaque et instrumentalisé », qu’il accuse d’être une manœuvre pour « imposer un fait accompli ».

Vers un processus électoral sous haute tension ?

Les critiques se multiplient. Le président du Bloc Libéral, Faya Millimono, parle d’une « machine de fraude bien huilée » et réclame un audit indépendant, depuis l’appel d’offres jusqu’à l’enrôlement. Le RPG Arc-en-ciel, parti d’Alpha Condé, rejette tout bonnement le processus et exige la fin de la transition, considérant que la junte n’a plus aucune légitimité.

Quant à Rafiou Sow du Parti pour le Renouveau et le Progrès (PRP), il soulève de nombreuses zones d’ombre. Plusieurs figures majeures de l’opposition, comme Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, n’ont pas pu être enrôlées. Pour lui, ce fichier sert à exclure des électeurs de manière ciblée. Il appelle à un dialogue politique inclusif, sans quoi « aucune élection crédible ne pourra avoir lieu ».

Le fichier électoral guinéen devait être une garantie de transparence et de stabilité. Il risque au contraire de devenir le principal foyer d’une nouvelle crise électorale. À moins d’une volonté politique forte pour ouvrir un cadre de dialogue, le référendum de septembre pourrait raviver les tensions et compromettre un retour paisible à l’ordre constitutionnel.

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