Le Premier ministre malien Boubou CissĂ© a entamĂ© mercredi une visite hautement symbolique Ă Kidal (nord), fief touareg, un nouveau geste censĂ© manifester le rĂ©tablissement de la souverainetĂ© de l’Etat sur le territoire, ont constatĂ© des correspondants de l’AFP.
Cette visite intervient trois semaines après le retour de l’armĂ©e dans la ville contrĂ´lĂ©e par d’ex-rebelles touareg.
Dans un contexte de grave dĂ©tĂ©rioration sĂ©curitaire au Mali et au Sahel, le retour de l’armĂ©e le 13 fĂ©vrier et la visite du Premier ministre mercredi se veulent autant d’affirmations d’une restauration de l’autoritĂ© de l’Etat malien, qui ne s’exerce plus sur de larges Ă©tendues du pays.
Avant ces dernières semaines, l’Etat malien n’avait quasiment pas repris pied Ă Kidal depuis mai 2014. Les forces maliennes avaient Ă©tĂ© chassĂ©es de Kidal quand une visite du Premier ministre de l’Ă©poque, Moussa Mara, avait donnĂ© lieu Ă des affrontements avec les rebelles touareg, qui avaient causĂ© de lourdes pertes dans les rangs de l’armĂ©e.
Kidal est depuis contrĂ´lĂ©e par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), alliance Ă dominante touareg d’anciens groupes armĂ©s rebelles. La CMA est signataire de l’accord de paix d’Alger de 2015 avec une alliance de groupes armĂ©s progouvernementaux appelĂ©e la Plateforme.
Le chef du gouvernement a Ă©tĂ© accueilli Ă son arrivĂ©e par des reprĂ©sentants de l’ex-rĂ©bellion, de l’Etat dans la rĂ©gion et de la mission de paix de l’ONU (Minusma), autre actrice de la crise malienne, ont constatĂ© les correspondants de l’AFP. Il a prĂ©vu de passer deux nuits Ă Kidal au cours d’un dĂ©placement qui doit s’achever vendredi dans le nord du pays.
Il doit rencontrer les unitĂ©s de l’armĂ©e rĂ©cemment revenue Ă Kidal. Ces unitĂ©s sont supposĂ©es donner l’exemple de la rĂ©conciliation puisqu’elles comprennent d’anciens rebelles intĂ©grĂ©s dans l’armĂ©e malienne conformĂ©ment Ă l’accord de paix d’Alger.
La mise en oeuvre de cet accord ainsi que le redressement de l’autoritĂ© de l’Etat sont considĂ©rĂ©s comme des composantes politiques indispensables Ă une sortie de crise, en plus de l’action purement militaire menĂ©e par les forces maliennes, françaises, africaines et onusiennes.
Kidal, Ă 1.500 km au nord-est de Bamako, est le bastion culturel touareg et le berceau historique des clans les plus influents. C’est aussi une rĂ©gion qui a Ă©tĂ© marginalisĂ©e depuis l’indĂ©pendance malienne et oĂą sont nĂ©es les diffĂ©rentes rebellions touareg.
Le Mali est confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Parties du nord du pays, les violences se sont propagées au centre et aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.
L’accord d’Alger tarde Ă ĂŞtre appliquĂ© et de vastes Ă©tendues du nord demeurent sous le contrĂ´le des ex-rebelles indĂ©pendantistes.
Les forces maliennes et des pays voisins sont par ailleurs en butte Ă des attaques jihadistes qui ont fait des centaines de morts dans leurs rangs ces derniers mois. Les jihadistes exploitent ou fomentent les violences intercommunautaires.