La Guinée enclenche la vitesse supérieure : 240 millions pour les routes et l’eau

 Le président de la Transition, Mamadi Doumbouya, a officialisé le mardi 30 septembre deux engagements majeurs pour l’avenir de la Guinée. Par décrets, il a promulgué les lois autorisant la ratification d’accords de financement d’envergure, débloquant plus de 240 millions de dollars pour les infrastructures routières et de l’assainissement.

La route du désenclavement : 30 millions pour l’axe Labé-Mali

Le premier décret entérine un prêt de 30 millions d’Unités de Compte (UC) accordé par le Fonds Africain de Développement (FAD). L’objectif est clair : aménager la route inter-États qui relie Labé à la ville de Mali, en traversant Kédougou et Fongo-Limbi. Cet axe vital, longtemps laissé en déshérence, représente bien plus qu’un simple ruban de bitume. Il est la promesse d’une ouverture économique, d’une mobilité accrue pour les populations et d’un renforcement des échanges commerciaux avec les pays voisins.

La révolution de l’eau : 210 millions pour le PEAG

Le second décret ouvre la voie à une transformation profonde du secteur de l’eau et de l’assainissement. Il concerne le Projet Eau et Assainissement de Guinée (PEAG) et valide deux accords distincts :

  • Un prêt de 200 millions de dollars de l’Association Internationale de Développement (IDA).

  • Un don de 10,92 millions de dollars du Fonds pour l’Environnement Mondial, administré par la Banque Mondiale (BIRD).

Au total, ce sont 210,9 millions de dollars qui seront injectés pour renforcer l’accès à l’eau potable et moderniser en profondeur les infrastructures d’assainissement sur l’ensemble du territoire. Une manne financière qui vise à répondre à un besoin criant de la population.

Une vision stratégique pour les infrastructures de base

La ratification simultanée de ces deux lois illustre la priorité accordée par les autorités de transition aux infrastructures fondamentales. D’un côté, désenclaver les régions et fluidifier les échanges ; de l’autre, garantir l’accès à l’eau potable et améliorer les conditions sanitaires. Deux piliers du développement qui, une fois consolidés, devraient poser les bases d’une croissance économique plus inclusive et durable.

Ces projets, une fois mis en œuvre, marqueront un tournant tangible dans la vie des Guinéens. Ils traduisent sur le terrain une volonté politique affirmée de combler le déficit infrastructurel du pays. La route vers le développement, désormais, a un calendrier et un financement.

La Nouvelle Loi Fondamentale : À Quel Moment la Constitution Devient-elle Vivante ?

Quatre années après le basculement de septembre 2021, la Guinée a choisi son nouveau cap. Par la voix des urnes, le 21 septembre 2025, les Guinéens ont massivement adopté une nouvelle Loi fondamentale. Le « Oui » l’a emporté avec près de 90 % des suffrages, pour une participation avoisinant les 86 %.

Mais après les applaudissements et les décrets, une question cruciale se pose : à partir de quel moment précis cette Constitution cesse-t-elle d’être un texte pour devenir l’âme juridique de la nation ?

Promulgation ou publication : le point du juriste

Pour trancher, l’éclairage du juriste Kalil Camara s’impose. Ce spécialiste plonge dans le Code civil guinéen et exhume des articles souvent méconnus. Il distingue clairement la promulgation de la publication.

« La promulgation est l’acte par lequel le président atteste de la régularité de la procédure et ordonne l’exécution de la loi. La publication, elle, consiste à porter la loi à la connaissance de tous via le Journal officiel », explique-t-il.

Le texte de la Constitution elle-même le confirme. Son article 199 stipule : « La présente Constitution […] entre en vigueur à compter de la date de sa promulgation par le Président de la République. »

Le verdict du juriste est sans appel : « Le président a promulgué la Constitution par décret. Dès cet instant, elle est exécutoire sur tout le territoire national. » L’insertion au Journal officiel, si elle informe les citoyens, reste une formalité. La Loi fondamentale est déjà vivante.

Kalil Camara rappelle enfin une disposition renforçant la primauté de la loi : même en cas de silence prolongé du chef de l’État, une loi devient exécutoire de plein droit après un mois. Cette règle garantit que la loi, une fois adoptée, s’impose toujours.

UPR dément la candidature de son président à la présidentielle de décembre

Conakry – L’Union pour le progrès et le renouveau (UPR) a officiellement démenti, ce lundi 29 septembre 2025, les rumeurs annonçant la candidature de son président, Elhadj Ousmane Bah, à l’élection présidentielle prévue le 28 décembre prochain.

Dans un communiqué d’une page, le Bureau exécutif du parti qualifie ces informations de « non fondées » et dénonce leur propagation sur les réseaux sociaux.

Des rumeurs jugées organisées

« Sitôt publié le décret fixant la date du scrutin, certaines plateformes se sont empressées d’annoncer la candidature de notre président. Or, quiconque connaît le fonctionnement de l’UPR sait que de telles décisions relèvent des instances du parti et non d’initiatives individuelles », souligne le communiqué.

Le parti insiste sur le respect de ses procédures internes, rappelant que toute décision stratégique doit passer par ses organes dirigeants. Il accuse également les auteurs de ces rumeurs de mener « une campagne organisée pour intoxiquer, déstabiliser et manipuler l’opinion ».

Une prise de position mesurée

Tout en réaffirmant sa vocation de « conquérir et exercer le pouvoir à tous les échelons », l’UPR précise qu’elle se prononcera « en temps opportun », conformément à ses textes fondateurs et aux nouvelles dispositions de la Constitution.

« Jusque-là, les informations distillées çà et là n’engagent que leurs auteurs », conclut le communiqué, mettant un terme aux spéculations sur la future candidature de son président.

Faya Millimouno répond à ses détracteurs : « Je ne suis pas un opposant fabriqué par la junte »

 Les rumeurs courent, tenaces, dans les milieux politiques guinéens. Faya Millimouno, président du Bloc Libéral et figure de l’opposition ayant mené campagne pour le « Non » au référendum constitutionnel, serait-il en réalité un « opposant fabriqué » par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ? Interpellé sur ces suspicions, le leader politique a répondu avec une fermeté teintée d’agacement : « Je ne suis pas quelqu’un qu’on peut fabriquer ».

Face à ceux qui voient en lui un pantouin du pouvoir, Millimouno rappelle son parcours. « Avant que certains membres du CNRD ne soient dans l’armée, j’étais déjà dans la politique. Avant que certains militaires, membres du CNRD, ne soient même à l’école secondaire, au collège, j’étais déjà dans la politique », a-t-il asséné, rejetant catégoriquement l’idée que son opposition puisse être orchestrée par la junte.

« Pourquoi lui, on ne le tue pas ? »

Le dirigeant libéral va plus loin, évoquant les questions que certains se posent ouvertement : « Pourquoi lui, on ne le tue pas ? Pourquoi lui, on ne le kidnappe pas ? Pourquoi lui, on ne le torture pas ? ». Des interrogations qui, selon lui, trahissent une mentalité dangereuse. « Quand on raisonne comme ça, on dit à la dictature en place qu’on est vraiment mûrs pour l’esclavage ».

Pour Millimouno, le véritable scandale n’est pas son impunité relative, mais bien la répression qui frappe d’autres opposants. « La question qu’on devrait se poser aujourd’hui, c’est pourquoi Aliou Bah devait être aujourd’hui en prison ? Pourquoi Abdoul Sacko a été enlevé de son domicile et torturé ? Pourquoi nous permettons ça ? ».

Défendre les victimes, pas justifier les bourreaux

En citant nommément des personnalités victimes d’enlèvement, de torture ou d’emprisonnement – comme Mohamed Traoré –, Millimouno opère un renversement du débat. Il ne s’agit pas, explique-t-il, de se demander pourquoi certains sont épargnés, mais pourquoi d’autres sont persécutés. « Les vraies questions, c’est à ce niveau. Ce n’est pas pourquoi on ne m’arrête pas ».

Une réponse qui vise autant à désamorcer les rumeurs qu’à recentrer l’attention sur les abus du régime. En se présentant comme un opposant historique et indépendant, Faya Millimouno tente de préserver sa crédibilité tout en maintenant la pression sur une junte de plus en plus accusée de méthodes brutales.

Reste que dans le climat de défiance généralisée qui règne en Guinée, ces explications ne suffiront probablement pas à calmer toutes les suspicions. Mais une chose est sûre : Millimouno a choisi son camp – celui d’une opposition frontale, même si elle n’est pas persécutée.

Référendum en Guinée : le Premier ministre BAH célèbre « la victoire de toute la nation »

Conakry, 24 septembre 2025 – Le visage du Premier ministre Amadou Oury BAH reflète la solennité d’un moment historique. Ce mercredi matin, il s’est adressé à la presse nationale et internationale, quelques heures après la proclamation des résultats provisoires du référendum du 21 septembre. Selon le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, la nouvelle Constitution a été adoptée par 89,38 % des suffrages exprimés, sur un taux de participation impressionnant de 86,42 %.

« Le peuple de Guinée a fait le choix souverain d’adopter une Constitution qui consacre la réconciliation de l’État et de la société civile », a déclaré M. Bah, saluant la maturité démocratique et l’engagement exemplaire des citoyens. Il a souligné que ce processus s’est déroulé dans la transparence, sans incident, et avec la participation de toutes les composantes de la Nation, y compris la diaspora.

Au nom du Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, le Chef du gouvernement a rendu hommage à l’ensemble des acteurs : partis politiques, syndicats, organisations de jeunesse et de femmes, leaders communautaires, observateurs nationaux et internationaux, forces de défense et de sécurité, ainsi qu’à la Direction générale des élections. Il a aussi remercié le président pour son « soutien déterminé » à ce processus.

« Le oui n’est pas la victoire d’un camp contre un autre, mais celle de toute la Guinée », a-t-il insisté, rappelant l’attachement du gouvernement au dialogue et à la réconciliation. Cette étape ouvre désormais la voie aux prochaines échéances électorales – présidentielle, législatives, communales, régionales et sénatoriales – essentielles pour le retour complet à l’ordre constitutionnel.

« Le peuple souverain de Guinée a tracé un chemin vers un avenir républicain et démocratique », a conclu le Premier ministre, appelant à l’unité nationale et à la responsabilité collective pour bâtir un pays apaisé et stable.

la Cédéao et l’UA valident le référendum, appel à un soutien international pour la transition

 C’est un satisfecit qui tombe à point nommé. Les missions d’observation conjointes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et de l’Union africaine (UA) ont rendu leur verdict, mercredi 24 septembre, sur le référendum constitutionnel guinéen du 21 septembre : le scrutin s’est « bien déroulé » et les acteurs électoraux ont « rempli leurs missions convenablement ». Une validation de poids pour les autorités de transition, au lendemain de la proclamation des résultats provisoires donnant le « Oui » vainqueur avec 89,38% des voix.

Dans un communiqué public, les organisations régionales et continentales ont salué le professionnalisme du personnel électoral et le travail des observateurs nationaux et internationaux. Leur mission, composée de 50 experts répartis équitablement entre la Cédéao et l’UA, a couvert les huit régions administratives du pays et visité 389 bureaux de vote le jour J.

Une mission bien déployée et inclusive

Sur place, les délégations ont rencontré l’ensemble des parties prenantes : autorités guinéennes, Direction générale des élections (DGE), Cour suprême, société civile et partenaires techniques et financiers. Une approche inclusive destinée à recueillir une vision panoramique du processus.

Leurs conclusions positives confortent les chiffres officiels annoncés mardi par le ministre de l’Administration du territoire, Ibrahima Kalil Condé : plus de 5,1 millions de « Oui », un taux de participation de 86,42%, et un processus déployé dans 16 722 centres de vote.

Un appel au soutien international

Au-delà du constat technique, la Cédéao et l’UA lancent un appel clair : la communauté internationale doit poursuivre son soutien aux autorités de transition et au peuple guinéen pour « la consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité ». Un message adressé notamment aux bailleurs et partenaires techniques, parfois réticents à accompagner des processus de transition non issus d’élections pluralistes.

Cet appel intervient à un moment crucial : la Guinée s’apprête à tourner la page de la transition avec la promulgation prochaine de la nouvelle Constitution, puis l’organisation d’élections générales. Les deux institutions estiment que cet accompagnement est essentiel pour garantir un retour à l’ordre constitutionnel apaisé et crédible.

Vers une normalisation politique ?

Cette validation internationale pourrait contribuer à désamorcer les tensions politiques internes et à crédibiliser la suite du processus. Reste que l’opposition, qui a boycotté le scrutin et rejette ses résultats, ne devrait pas se laisser convaincre si facilement.

La balle est maintenant dans le camp de la Cour suprême, qui doit examiner les résultats et proclamer les chiffres définitifs. Ensuite, le gouvernement devra prouver que la « stabilité » promise n’est pas un leurre, mais bien le prélude à une démocratie renouvelée.

Bah Oury campe sur ses positions : « Aucune démission du gouvernement après la nouvelle Constitution »

Le gouvernement guinéen ne tremblera pas sur ses bases. Interpellé ce mercredi 24 septembre sur une éventuelle démission du gouvernement suite à l’adoption de la nouvelle Constitution, le Premier ministre Bah Oury a opposé une fin de non-recevoir catégorique. Lors d’un point de presse au palais de la Colombe, le chef du gouvernement a assuré qu’aucune disposition de la loi fondamentale n’exige une telle mesure.

« Dans aucun article de cette présente Constitution, il n’est dit que le gouvernement doit démissionner », a-t-il martelé, face aux journalistes. Une réponse ferme à ceux qui anticipaient un remaniement ou une dissolution suite à la victoire écrasante du « Oui » au référendum du 21 septembre.

« Ce n’est pas une modification, c’est une nouvelle Constitution »

Bah Oury a tenu à préciser un point crucial : le scrutin ne visait pas à modifier la Constitution, mais à en adopter une nouvelle. Une nuance qui, selon lui, change tout. « Il faut se conformer aux principes édictés par cette Constitution qui devra être promulguée le plus rapidement possible après un passage de 72 heures au niveau de la Cour suprême », a-t-il expliqué.

Le Premier ministre a fustigé ceux qu’il qualifie d’adeptes des « changements perpétuels » et des « éternelles questions de changement de postes ». Pour lui, la priorité absolue doit être la stabilité – un axe majeur de l’action publique qu’il entend défendre.

La stabilité comme ligne directrice

« Nous recherchons la stabilité. Et cette stabilité doit être adossée par le respect scrupuleux des règles démocratiques, des règles constitutionnelles et dans une vision très ouverte et constructive du présent et du futur », a-t-il insisté.

Il a appelé à « revisiter les paradigmes » pour privilégier une « logique de cohérence absolue ». Un plaidoyer pour la continuité, dans un contexte où beaucoup s’interrogeaient sur l’avenir de l’équipe en place après l’entrée en vigueur de la nouvelle loi fondamentale.

Des changements possibles… mais plus tard

Le chef du gouvernement n’a pas totalement fermé la porte à un éventuel remaniement, mais il en a conditionné la possibilité à deux facteurs : le timing et la volonté présidentielle. « Je ne dis pas qu’il n’y aura pas à un moment donné des changements, c’est tout à fait nécessaire. Mais ce sera lorsque le moment sera là et en fonction du pouvoir discrétionnaire du président de la République ».

Un message clair : si changement il y a, il ne se fera pas sous la pression, mais selon le calendrier et l’appréciation du général Mamadi Doumbouya.

Ce discours tranchant montre que le pouvoir transitionnel entend verrouiller sa trajectoire et éviter toute précipitation. La balle est désormais dans le camp de la Cour suprême, qui doit valider les résultats. Ensuite, ce sera au président de décider de l’étape suivante. Mais d’ores et déjà, Bah Oury a signifié que le cap restait celui de la stabilité.

Cellou Dalein Diallo déclare la guerre à la junte : « La victoire sera de notre côté »

Le ton n’est plus à la contestation, mais à l’insurrection. Ce mardi 23 septembre, l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo a lancé un appel vibrant à la résistance contre la junte militaire du général Mamadi Doumbouya. Dans une allocution enflammée, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a juré que le CNRD ne parviendrait pas à imposer son « diktat » ni à détruire les acquis démocratiques du pays.

« Peuple de Guinée, jamais Mamadi Doumbouya ne réussira son nouveau coup d’État, ne parviendra pas à imposer sa volonté de confisquer le pouvoir et à détruire nos acquis démocratiques obtenus, comme vous le savez, dans la sueur et le sang de notre peuple », a-t-il averti, dans un message qui sonne comme une déclaration de guerre.

« Rien ni personne ne pourra entraver notre marche »

Face à la répression, Diallo affiche une détermination de fer. « Ni les canons braqués sur nous, ni la répression, ni les campagnes de terreur et d’intimidation, ni les violences physiques et morales exercées sur les citoyens, ni les assassinats, ni les disparitions forcées, ni les détentions arbitraires, ni les harcèlements judiciaires ne nous ébranleront dans notre détermination à libérer notre pays de la dictature ».

Et de marteler : « Rien ni personne ne pourra entraver la marche de notre peuple vers le respect de sa dignité et la réalisation de ses légitimes aspirations à la démocratie et à la liberté ».

Un serment solennel au peuple

L’ancien chef du gouvernement a même fait le serment solennel que la victoire serait du côté des démocrates. « Nous aurons le dernier mot et la victoire sera de notre côté parce que nous sommes déterminés à défendre, si nécessaire, au prix de nos vies, la vérité, la justice et les intérêts supérieurs de notre nation ».

Pour lui, les signes de « fébrilité » du régime sont évidents : « déploiement massif et disproportionné d’un arsenal de guerre », « mobilisation forcée des fonctionnaires », « utilisation de ressources financières considérables pour acheter la conscience des leaders d’opinion ».

« C’est maintenant ou jamais »

Son appel se veut un électrochoc. « Il faut sortir dès maintenant de notre réserve et nous tenir debout comme un seul homme pour libérer notre patrie de leur gouvernance liberticide, clanique et antidémocratique ».

Et de conclure, dans un élan quasi mystique : « Ensemble, main dans la main, dans un élan patriotique et un esprit de sacrifice, nous triompherons de la dictature et de tous les imposteurs. Tous, debout et mobilisés pour une Guinée libre et souveraine ».

Un discours qui marque un tournant. La résistance passe à la vitesse supérieure. Et la junte, désormais, est prévenue : la bataille pour la Guinée ne fait que commencer.

Référendum guinéen : le « Oui » écrasant à plus de 90%, la contestation persiste

Les chiffres tombent, nets et massifs. Selon les résultats partiels publiés ce lundi par la Direction générale des élections (DGE), le « Oui » à la nouvelle Constitution l’emporte largement avec plus de 90% des suffrages exprimés. Sur les 4,8 millions de votants – soit un taux de participation de 91% –, 4,3 millions se sont prononcés en faveur du texte, contre seulement 405.430 « Non ».

Des résultats qui, à ce stade du dépouillement (82% des bureaux pris en compte), dessinent une victoire sans appel pour le camp du pouvoir, porteur de ce projet de loi fondamentale. La directrice générale des élections, Djénabou Touré, a présenté ces chiffres comme le reflet d’une adhésion large et transversale.

Une approbation massive dans toutes les régions

Le plébiscite semble généralisé. À Kankan, le « Oui » frise les 95,5% ; à Faranah, il atteint 96% ; à N’Zérékoré, il culmine à 96,2%. Seule la capitale, Conakry, affiche un score légèrement moins uniforme : 74,4% de « Oui », mais 25,6% de « Non » – signe peut-être d’une opposition plus structurée en milieu urbain.

Ces chiffres, s’ils sont confirmés par la Cour constitutionnelle – seule habilitée à proclamer les résultats définitifs –, donneront une légitimité statistique incontestable au texte. Ils acteraient l’avènement d’une Troisième République sous l’égide des autorités de transition.

Une victoire en demi-teinte ?

Pourtant, derrière ces pourcentages écrasants, plusieurs questions persistent. Le taux de participation annoncé de 91% contraste avec les images de bureaux de vote clairsemés rapportées par certains observateurs et les appels au boycott de l’opposition, menée par l’ancien président Alpha Condé.

Pour les détracteurs du régime, un score aussi uniforme – dépassant souvent 90% – évoque moins une adhésion démocratique qu’un verrouillage du processus électoral. Ils dénoncent un scrutin organisé dans un contexte d’absence de libertés fondamentales et de contrôle étroit des médias.

L’après-référendum s’annonce tendu

Reste à savoir si cette large victoire annoncée suffira à éteindre les contestations. L’opposition a déjà rejeté par avance des résultats qu’elle estime « trafiqués ». La communauté internationale, notamment la CEDEAO, observe avec une vigilance accrue.

La bataille politique ne fait que commencer. La promulgation de la nouvelle Constitution ouvrira un nouveau chapitre, marqué par la mise en place des institutions issues du texte et, surtout, par la préparation de la prochaine élection présidentielle – celle qui doit, en principe, marquer le retour des civils au pouvoir.

Le « Oui » a gagné. Maintenant, le pouvoir doit gagner la paix.

Référendum en Guinée : Doumbouya nomme les superviseurs du scrutin

À trois jours du référendum constitutionnel, le général Mamadi Doumbouya a procédé, jeudi, à la nomination des membres de l’Observatoire national autonome de supervision du référendum (ONASUR). Une instance clé, censée garantir la « régularité, la transparence et la sincérité » du scrutin du 21 septembre. Mais dans un climat politique déjà tendu, la composition de cette structure – majoritairement issue des rangs du pouvoir – suscite scepticisme et défiance.

Placée sous la présidence du Dr Sékou Koureissy Condé, ancien ministre et figure respectée, l’ONASUR rassemble pourtant des profils variés : anciens ministres, universitaires, magistrats, avocats et représentants d’organisations de la société civile. On y trouve notamment Mariama Diallo Sy, ex-ministre et présidente du Réseau des femmes africaines leaders, ou encore le Dr Michel Jeannette Tolno, enseignant-chercheur à l’Université de Sonfonia.

Une mission technique… et hautement politique

Conformément à la loi, l’Observatoire a pour mission de superviser l’ensemble du processus référendaire : respect du chronogramme, mise en place du matériel de vote, supervision des opérations de vote, centralisation des résultats et transmission des procès-verbaux à la Cour suprême. Il devra également déployer des antennes dans toutes les préfectures, les communes de Conakry et même à l’étranger.

Des prérogatives techniques essentielles, mais qui s’exercent dans un contexte où l’opposition – menée par Alpha Condé – a appelé au boycott et dénonce par avance une « mascarade ». La crédibilité de l’ONASUR dépendra donc autant de son impartialité que de sa capacité à résister aux pressions.

Des membres proches du pouvoir ?

Si la liste des membres affiche une certaine diversité, certains noms interpellent. Comme celui de Mamadou Sanoussy Bah, conseiller du président du CNT chargé des affaires religieuses, ou de Maïmouna Traoré, cheffe de division au CNT. Leur présence nourrit les critiques de ceux qui y voient une mainmise du pouvoir transitionnel sur l’instance de supervision.

Pour le régime, il s’agit au contraire de démontrer sa volonté d’organiser un scrutin incontestable. En nommant des personnalités reconnues – à l’image de Me Pépé Antoine Lamah, représentant de l’Ordre des avocats –, Doumbouya espère offrir des gages de sérieux à la communauté nationale et internationale.

Dernière ligne droite avant le vote

L’ONASUR devra rendre son rapport général après la proclamation des résultats par la Cour suprême. D’ici là, il devra faire preuve d’une transparence absolue pour convaincre une opinion publique profondément divisée.

Dans un pays où la confiance dans les processus électoraux est érodée, la mission de l’Observatoire est aussi symbolique que technique. Elle déterminera, en grande partie, la légitimité – ou l’illégitimité – du référendum et de la future Constitution.

Le compte à rebours est lancé. Les Guinéens trancheront dimanche. Mais c’est dès maintenant que se joue la bataille de la crédibilité.

Référendum en Guinée : l’ancien ministre Madifing Diané défend une Constitution « pour les populations rurales »

Alors que les appels au boycott résonnent encore, une voix s’élève pour défendre le projet de Constitution soumis aux Guinéens ce dimanche 21 septembre. Invité de l’émission « Coup de projecteur » sur la Radiodiffusion-Télévision Guinéenne (RTG), ce mercredi, l’ancien ministre de la Sécurité Madifing Diané a livré une plaidoirie appuyée en faveur du texte fondamental. Pour lui, cette Constitution n’est « pas faite pour les intellectuels » ou « les riches », mais bel et bien « pour la population rurale ».

Ancien gouverneur de Labé et figure respectée, Madifing Diané a qualifié le texte de « performant », le dépeignant comme « le socle de toutes les constitutions qui se sont succédé ». S’adressant aux téléspectateurs, il a insisté sur la nécessité d’une loi fondamentale évolutive, capable de s’adapter aux réalités modernes, notamment technologiques. « On est toujours à la connaissance de ce qui se passe ailleurs, on en tire toujours profit, et on s’améliore en conséquence », a-t-il argué.

Le développement local au cœur du texte

L’argument phare de son plaidoyer ? La place centrale accordée au développement local et la décentralisation de la prospérité. « Une préoccupation a été accordée au développement local. La prospérité, elle parle de la localité », a-t-il déclaré, avec une conviction palpable. Il s’est particulièrement félicité du mécanisme de l’ANAFIC (Agence Nationale de Financement des Collectivités), qui prévoit un pourcentage fixe des recettes minières directement reversé au profit des populations.

Pour lui, cette mesure concrète prouve que la nouvelle Constitution « regarde mieux et en profondeur les préoccupations de nos populations rurales ». Une manière de répondre aux détracteurs qui y voient un texte taillé sur mesure pour les ambitions politiques de la junte.

« Une constitution au service de la population rurale »

Face aux accusations de confiscation du pouvoir, Madifing Diané a opposé une vision résolument sociale et inclusive du texte. « Elle n’est pas faite pour les politiciens qui cherchent à avoir le pouvoir », a-t-il martelé. « Cette constitution est au service de la population rurale, rigoureusement pour le bien-être des populations guinéennes, dans l’ensemble et dans sa diversité ».

Selon lui, le texte opère une « synthèse des précédentes avec une amélioration nette » en direction des citoyens ordinaires, touchant aux questions essentielles « de la sécurité au développement social ».

Une intervention stratégique à trois jours du vote

Cette prise de parole, sur la chaîne nationale, à trois jours seulement du référendum, n’est pas anodine. Elle vise clairement à contrer la narrative du boycott portée par Alpha Condé et une partie de l’opposition, en repositionnant le débat sur le terrain du progrès social et de la justice économique.

Reste à savoir si ce discours axé sur les retombées locales et le développement rural parviendra à convaincre une population urbaine méfiante et une communauté internationale sceptique. Mais une chose est sûre : le camp du « oui » vient de trouver un porte-voix de poids, capable de porter un message alternatif à celui, exclusivement politique, de ses opposants.

Dimanche, les urnes trancheront. Mais d’ores et déjà, le combat des idées est lancé.

Bah Oury sur France 24 : « Laissons Doumbouya candidat comme tout citoyen »

Le verbe est posé, la rhétorique, maîtrisée. Face aux questions pressantes de Marc Perelman sur le plateau de France 24, ce mercredi, le Premier ministre guinéen Bah Oury a livré une performance d’équilibriste. Interrogé sur une éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya à la présidentielle – pourtant interdite par la charte de transition –, le chef du gouvernement a soigneusement évité de fermer toute porte. « Laissons-lui le soin, comme à d’autres citoyens de la République de Guinée, de se porter candidat », a-t-il déclaré, renvoyant la décision à la seule volonté du président de la transition.

Une réponse évasive qui contraste avec les promesses répétées du général de ne pas se présenter. Mais pour Bah Oury, cette question n’est tout simplement « pas à l’ordre du jour ». Le vrai débat, selon lui, devrait porter sur le projet de nouvelle Constitution, censé « rassembler le peuple de Guinée » et « renforcer l’intégration de toutes les communautés ».

Une Constitution « taillée sur mesure » ?

Le journaliste n’a pas lâché prise. « Le président avait promis à plusieurs reprises qu’il ne se présenterait pas. Cela ne vous trouble-t-il pas que, dorénavant, il y ait une constitution qui lui permette de se représenter, qui, en plus, élimine ses principaux opposants, taillée sur mesure pour lui ? »

En réponse, le Premier ministre a botté en touche, invoquant l’histoire « tragique » de la Guinée, souvent focalisée sur les individus plutôt que sur les projets. « Ce que nous cherchons, c’est de donner la chance à tous ceux qui estiment pouvoir incarner un projet de le proposer au peuple », a-t-il argué, sans jamais confirmer ni infirmer les ambitions électorales de Doumbouya.

Alpha Condé, un « has-been » ?

Parmi les opposants les plus virulents, l’ancien président Alpha Condé, qui a appelé au boycott du référendum, est directement visé par Bah Oury. « Voulez-vous qu’il restaure l’ordre ancien ? », lance-t-il, avant d’ajouter : « leur passé qui, peut-être, en relation avec la justice, les amène à être dehors ». Une allusion à peine voilée aux poursuites judiciaires qui pèsent sur l’ex-chef de l’État et à son exil de fait.

Pour le Premier ministre, l’heure n’est plus aux « individualités » mais aux « projets ». « Si tel n’est pas le cas, cela signifie qu’ils sont devenus des has-beens », assène-t-il, dans une formule cinglante qui résume sa vision : tourner la page des anciens régimes pour entrer dans une nouvelle ère politique.

Stratégie ou fuite en avant ?

Derrière les mots policés et les appels à l’apaisement, le message est pourtant clair : le régime transitionnel n’exclut rien. Ni la candidature de Doumbouya, ni l’éviction politique des figures de l’ancien système.

En refusant de fermer explicitement la porte à une candidature du général, Bah Oury l’entrouvre grand. Et en disqualifiant ses opposants au nom de leur « passé », il dessine les contours d’une future campagne où le président de la transition pourrait bien se présenter en outsider, porteur d’un « projet » nouveau face à des « has-beens » usés.

Reste à savoir si le peuple guinéen suivra – et si la communauté internationale acceptera de voir ainsi plier les règles d’une transition pourtant promise à un retour à l’ordre constitutionnel.

Référendum en Guinée : la CEDEAO déploie ses observateurs malgré la tempête politique

 Dans un geste à la fois protocolaire et politique, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé ce  mercredi, le déploiement d’une mission d’observation électorale en Guinée. À peine quelques jours avant le référendum constitutionnel controversé du 21 septembre, l’organisation régionale envoie ainsi 11 experts électoraux sur le terrain, comme pour tenter d’encadrer un scrutin déjà rejeté par une large frange de la classe politique.

Dirigée par M. Serigne Mamadou Ka, chef par intérim de la Division de l’assistance électorale de la CEDEAO, la mission sera déployée du 17 au 23 septembre dans cinq régions stratégiques : Conakry, Kankan, Kindia, Mamou et Labé. Un maillage territorial ciblé, destiné à couvrir les principaux foyers de tension et de participation.

Un accompagnement sous conditions

Dans son communiqué, la CEDEAO justifie sa décision par son engagement à « accompagner le peuple et le gouvernement de la République de Guinée » dans cette « étape cruciale ». L’organisation souligne agir « conformément à ses protocoles », qui promeuvent la démocratie et la bonne gouvernance, et dans le but avoué de « contribuer à la réussite du processus de transition ».

Des mots choisis, presque diplomatiques, qui contrastent avec la réalité d’un pays profondément divisé. Quelques jours plus tôt, l’ancien président Alpha Condé appelait au boycott pur et simple du scrutin, qualifié de « mascarade » et rejetant en bloc la légitimité de la junte au pouvoir depuis le putsch du 5 septembre 2021.

Observer quoi ? Et comment ?

La mission de la CEDEAO se trouve ainsi dans une position délicate. Que viendra-t-elle observer ? La régularité technique du vote ? La liberté de campagne ? La sincérité du scrutin ? Autant de questions qui se heurtent à un contexte politique explosif, où l’opposition refuse de participer et où la population semble partagée entre lassitude et défiance.

Les experts devront donc naviguer entre les exigences protocolaires et une réalité de terrain hostile. Leur présence alone sera interprétée : comme un signe de légitimation par le pouvoir transitionnel, comme une caution impuissante par l’opposition.

La CEDEAO sur la corde raide

Pour l’organisation ouest-africaine, il s’agit aussi d’un test de crédibilité. Après avoir été critiquée pour son attentisme lors du coup d’État de 2021, puis pour sa difficulté à influer sur la transition, la CEDEAO tente de reprendre la main en s’immisçant dans le processus. Mais elle le fait avec prudence, évitant soigneusement toute prise de position qui pourrait être perçue comme un soutien ou une opposition frontale au régime.

Le véritable verdict, cependant, ne viendra pas des observateurs. Il viendra des urnes – ou plutôt de leur taux de remplissage. Si le boycott suit massivement l’appel d’Alpha Condé, le scrutin, même techniquement régulier, sera politiquement vide. Et le rapport de la CEDEAO, quel qu’il soit, ne changera rien à l’affaire : la Guinée restera ingouvernable, et la transition, bloquée.

La mission d’observation est donc moins un gage de démocratie qu’un baromètre de crise. Elle mesure l’étendue des dégâts bien plus qu’elle ne les répare. Et son succès ne se jugera pas à la qualité de son rapport, mais à sa capacité à éviter le pire : une nouvelle descente aux enfers politiques pour la Guinée.

Alpha Condé dénonce une « mascarade » et appelle au boycott du référendum du 21 septembre

La voix est ferme, le ton sans appel. Pour la première fois depuis son éviction brutale du pouvoir, l’ancien président guinéen Alpha Condé rompt un long silence. Et ce qu’il dit, ce mercredi, ressemble à une déclaration de guerre politique. Dans un message cinglant, l’ex-chef de l’État appelle les Guinéens à boycotter massivement le référendum constitutionnel annoncé pour le 21 septembre par la junte au pouvoir. Il qualifie sans détour la consultation de « mascarade », jetant une pierre lourde dans le jardin déjà bien encombré de la transition.

« Restez chez vous le 21 septembre », lance-t-il, s’adressant directement à une population qu’il exhorte à ne pas se laisser « abuser ». Pour lui, aucun acte posé par ce « régime illégal et illégitime » ne saurait avoir la moindre valeur. Le message est on ne peut plus clair : pas de légitimité, pas de reconnaissance, pas de participation.

Un réquisitoire sans concession contre la junte

Le fond de sa prose est bien plus qu’un simple appel à l’abstention. C’est un véritable réquisitoire, d’une rare violence verbale, contre les auteurs du putsch du 5 septembre 2021. Il les accuse d’avoir « plongé la nation dans une situation catastrophique », pointant du doigt une « gestion improvisée » et une « cupidité » qui auraient aggravé la misère économique, « détruit le tissu social » et isolé diplomatiquement la Guinée.

Pire encore, il fustige une junte « sans foi ni loi » qui « s’obstine à confisquer la souveraineté du peuple au profit de ses intérêts mafieux ». Des mots lourds, qui sonnent comme une accusation de haute trahison et dressent un portrait au vitriol d’un pouvoir accaparé par ses seuls appétits.

La légitimité perdue du 5 septembre 2021

Toute la stratégie rhétorique de Condé repose sur une date clé : le 5 septembre 2021. Ce jour-là, selon lui, la « marche démocratique » de la Guinée a été interrompue « dans la violence et le sang ». En refusant de participer au référendum, estime-t-il, les Guinéens rappelleront à la « face du monde » que leur pays est « pris en otage » depuis cette rupture.

Il en appelle donc à l’unité, à la dignité et à la mobilisation contre ce qu’il perçoit comme une « confiscation de la souveraineté » et un « braquage de l’avenir de la nation ». Et il assure lui-même vouloir poursuivre la lutte pour la « restauration de l’ordre constitutionnel ».

Une sortie qui change la donne

Cette intervention publique, rare et calculée, replace Alpha Condé au cœur de l’échiquier politique guinéen. Elle offre une voix et une figure de opposition structurée à tous ceux qui rejettent la légitimité de la transition.

En appelant au boycott, il ne fait pas que critiquer : il tente de délégitimer par avance le processus en cours, quel qu’en soit le résultat. Le risque est désormais celui d’une participation extrêmement faible, qui donnerait raison à l’ancien président et affaiblirait d’autant plus la junte.

La balle est maintenant dans le camp des autorités de la transition. Comment réagiront-elles à cette charge frontale ? Et surtout, comment les Guinéens répondront-ils à cet appel à la résistance passive ?

Une chose est sûre : le référendum du 21 septembre se tiendra désormais sous une pression et une polarisation accrues. Loin d’apaiser les tensions, la consultation promise pourrait bien être le déclencheur d’une nouvelle phase de confrontation dans une Guinée plus divisée que jamais.

Référendum en Guinée : l’appel à la résistance de Cellou Dalein Diallo

Depuis son exil, la voix porte loin. Ce lundi 15 septembre, Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre et figure incontournable de l’opposition guinéenne, a rompu le silence. Dans une allocution poignante diffusée sur les réseaux sociaux, le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a appelé ses compatriotes à boycotter massivement le référendum constitutionnel prévu le 21 septembre. Un discours qui tombe comme un coup de tonnerre dans un pays sous tension.

« Une mascarade électorale » à boycotter

Le ton est donné, sans équivoque. « Ne participez pas à cette mascarade », lance-t-il, visage grave. Pour Diallo, ce référendum n’est qu’un instrument au service de la junte du général Mamadi Doumbouya pour « légitimer un coup d’État ». Sa consigne est claire : rester chez soi le jour du vote.

« Même si vous votez Non, votre vote sera compté Oui », affirme-t-il, mettant en garde contre ce qu’il présente comme une « vol en perspective des suffrages ». Un discours de défiance qui s’appuie sur une conviction : le processus électoral serait déjà verrouillé.

Un appel à l’unité nationale

Au-delà du boycott, Diallo tisse la toile de l’unité. « Aucune appartenance à un groupe particulier, politique, régional ou ethnique ne doit nous diviser », insiste-t-il. La Guinée comme « maison commune » : cette rhétorique vise à transcender les clivages traditionnels pour construire un front commun contre la junte.

Son message s’adresse aussi à la communauté internationale. Il l’exhorte à ne pas être « complice » de ce qu’il qualifie de « simulacre de démocratie ». « Comprenez qu’il n’y a pas de stabilité sans justice, pas de paix durable sans liberté », plaide-t-il.

Les enjeux d’une mobilisation

Ce discours intervient à un moment crucial. Alors que la Guinée s’apprête à tourner une page constitutionnelle, l’opposition tente de reprendre la main. Diallo, en exil depuis plus de trois ans, cherche visiblement à repositionner son leadership sur l’échiquier politique.

Pour les observateurs, cet appel pourrait relancer une contestation jusqu’ici fragmentée. Reste à savoir si cette voix venue de l’exil trouvera écho dans les rues de Conakry et à l’intérieur du pays.

Le 21 septembre s’annonce comme un jour de vérité. Entre urnes boycottées et bulletins contestés, la Guinée pourrait bien vivre un nouveau tournant dans sa tumultueuse transition politique. Le pouvoir devra compter avec une opposition qui, visiblement, n’a pas dit son dernier mot.

Cellou Dalein Diallo accuse Doumbouya de l’avoir « exclu du fichier électoral »

À Conakry, le ton est monté d’un cran. L’ancien Premier ministre guinéen, Cellou Dalein Diallo, a choisi les colonnes de Jeune Afrique pour lâcher une bombe politique. Dans un récit amer, il raconte comment, selon lui, le général Mamadi Doumbouya, chef de la junte au pouvoir depuis septembre 2021, l’aurait délibérément écarté du fichier électoral. Une manière, accuse-t-il, de l’empêcher de briguer la présidence.

« Mamadi Doumbouya sera candidat. Et il ne veut pas m’avoir comme adversaire », tranche-t-il sans détour. L’opposant détaille même la méthode : une simple rature sur les listes électorales, mais aux conséquences immenses. « La dernière trouvaille, c’est de dire : on va le sortir du fichier », lâche-t-il, amer.

Des pressions jusque dans les ambassades

Diallo ne s’arrête pas là. Il raconte s’être présenté à l’ambassade de Guinée à Abidjan pour tenter de s’enrôler. Mais, dit-il, les instructions venues de Conakry étaient claires : « Je suis allé, j’ai essayé, mais les ordres étaient fermes. Je n’ai pas pu. » Une mise à l’écart assumée, qui selon lui illustre une volonté du régime de verrouiller le processus électoral.

Le fantôme du dossier Air Guinée

Comme si cela ne suffisait pas, l’opposant voit ressurgir une vieille affaire : le dossier Air Guinée. On l’accuse de s’être approprié une maison qui appartiendrait à l’État. Pour Diallo, il ne s’agit que d’une manœuvre politique. « Ils veulent salir mon nom et justifier mon éviction », assure-t-il.

« Le peuple se battra »

Face à ce qu’il décrit comme une dictature rampante, l’opposant appelle à la résistance populaire. « Le peuple de Guinée a trop souffert. Il va se battre pour que cette dictature ne dure pas », prévient-il.

Ces accusations, qui viennent alourdir un climat déjà électrique, marquent une nouvelle escalade. À l’approche de la présidentielle, une question hante désormais Conakry : le pouvoir répondra-t-il à ces graves allégations, ou laissera-t-il planer le doute sur la crédibilité du scrutin ?

Cellou Dalein Diallo accuse Doumbouya de préparer un “deuxième coup d’État”

L’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo a lancé un avertissement sans équivoque au régime du général Mamadi Doumbouya. Invité sur le plateau de France 24 ce mercredi, le leader des Forces vives de Guinée a annoncé son intention de s’opposer par « tous les moyens légaux » au référendum constitutionnel prévu le 21 septembre prochain.

Diallo accuse le président de la transition de se préparer à « perpétrer un deuxième coup d’État » contre le peuple guinéen. Il justifie cette position ferme par la rupture des engagements pris par Doumbouya lors de sa prise de pouvoir il y a quatre ans.

« Dès qu’il a voulu commettre le parjure, la confiance s’est rompue », a déclaré l’ancien Premier ministre, faisant référence à la charte de la transition que le colonel Doumbouya « avait juré de respecter ». Cette charte, selon Diallo, protégeait les libertés fondamentales et engageait le leader de la junte à ne pas participer aux futures élections.

Le président de l’UFDG a également dénoncé les conditions d’organisation du scrutin. « Ce référendum est organisé par son administration, son ministre de l’Administration du territoire – un général – et ses préfets, tous militaires ». Dans ce contexte, estime-t-il, « aucune chance existe que ce vote reflète la volonté réelle du peuple ».

Face à ce qu’il qualifie de « mascarade », les Forces vives de Guinée ont opté pour le boycott. Diallo rappelle que la culture de la fraude électorale reste « fortement ancrée » dans le pays, où « on a l’habitude de proclamer des résultats sans rapport avec la vérité des urnes ».

Nul doute que cette prise de position intensifiera les tensions politiques en Guinée à l’approche du référendum. Le régime du général Doumbouya devra maintenant composer avec une opposition déterminée à contester sa légitimité — par tous les moyens que le droit lui permet.

Transition guinéenne : le CNT et les États-Unis scellent leur dialogue stratégique

Dans une Conakry marquée par l’attente et les incertitudes, le Président du Conseil National de la Transition (CNT), Dr Dansa Kourouma, a accueilli mardi après-midi Mary Daschbach, Chargée de Mission et Cheffe de Mission des États-Unis en Guinée. Une rencontre sobre mais lourde de symboles, à l’heure où le pays s’apprête à franchir un tournant décisif : le référendum constitutionnel du 21 septembre prochain.

Guinée–États-Unis : un dialogue stratégique au cœur de la transition

Sous les dorures du CNT, une poignée de main chaleureuse a scellé le début des discussions. Le diplomate américain et le président de l’organe transitoire ont exploré ensemble les enjeux d’une transition scrutée avec attention, aussi bien par les Guinéens que par la communauté internationale.

Les échanges ont abordé le contenu du projet de nouvelle Constitution, pierre angulaire du processus en cours, mais aussi la coopération bilatérale entre la Guinée et les États-Unis. Mary Daschbach a réaffirmé l’engagement de Washington à soutenir la Guinée, à la fois dans ses efforts de développement et dans la promotion des droits humains. Elle a également salué le dialogue inclusif mené avec les différentes forces vives, signe d’un cheminement vers plus de stabilité et de prospérité.

Une étape décisive pour la transition guinéenne

En réponse, Dr Dansa Kourouma a rappelé l’importance historique et stratégique des relations entre la Guinée et les États-Unis, relations construites patiemment au fil des régimes successifs. Selon lui, cette audience ne relève pas d’une simple formalité diplomatique, mais incarne un moment charnière, où la transition guinéenne se joue autant dans les débats nationaux que dans l’attention portée par les partenaires internationaux.

Entre promesses de réformes et attentes citoyennes, la Guinée s’avance vers un rendez-vous déterminant. Le CNT et ses alliés, au premier rang desquels figurent les États-Unis, portent désormais la responsabilité de guider ce processus vers un avenir de stabilité, de légitimité et de confiance retrouvée.

Guinée-Ghana : Morissanda Kouyaté présente les condoléances après le crash d’hélicoptère

Le 12 août 2025 à Conakry, le ministre guinéen des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens de l’étranger, Dr Morissanda Kouyaté, s’est rendu à l’ambassade du Ghana pour signer le livre des condoléances. Ce geste marque la compassion et la solidarité de la Guinée à la suite du décès tragique de Dr Edward Omane Boamah, ministre ghanéen de la Défense, et Alhaji Dr Ibrahim Murtala Mohammed, ministre de l’Environnement, ainsi que plusieurs cadres ghanéens, dans un crash d’hélicoptère survenu la semaine dernière.

Condoléances officielles de la Guinée

Au nom du président Général Mamadi Doumbouya, le chef de la diplomatie guinéenne a adressé les condoléances les plus attristées du gouvernement et du peuple de Guinée à leurs homologues ghanéens. Il a également prié pour que le Tout-Puissant Allah accorde le repos éternel aux âmes des disparus.

Décharge de Dar-es-Salam : Doumbouya valide le projet de transformation

Le président Mamadi Doumbouya a rencontré lundi son Premier ministre au palais de la Colombe. Au centre des échanges : la fermeture et la transformation de la décharge de Dar-es-Salam.

Bah Oury a profité de cette audience pour présenter le bilan de son séjour à Abidjan. Il y avait représenté le chef de l’État lors du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Il y a aussi visité l’ancienne décharge d’Akouédo, fermée en 2018 et reconvertie en un vaste parc urbain de plus de 100 hectares. Ce nouvel espace est devenu un véritable poumon vert au cœur d’Abidjan.

« Nous voulons faire la même chose pour Dar-es-Salam », a affirmé le Premier ministre. Selon lui, le président Doumbouya a donné son accord de principe pour engager cette transformation. L’objectif : offrir à la capitale un cadre de vie propre, assaini et agréable.

Pour la Primature, cette rencontre reflète la volonté du chef de l’État de renforcer la collaboration entre les institutions, d’assurer le suivi des projets majeurs et de mettre le développement durable au service du bien-être des citoyens.

Nouvelle Constitution guinéenne : MOSACCOD lance une tournée de sensibilisation en Gambie et au Sénégal

Le Mouvement Saran Chérif pour la Continuité du Général Mamadi Doumbouya (MOSACCOD), conduit par son coordinateur Oumar Sacko, mène une campagne de sensibilisation en Gambie. Son but principal : informer les ressortissants guinéens sur le projet de nouvelle Constitution.

Lors d’un meeting citoyen organisé avec le consul général de Guinée en Gambie, le colonel Ibrahima Nabi Youla, la délégation a exposé les points clés du texte constitutionnel. Elle a aussi répondu aux questions du public et distribué des exemplaires du projet.

Vers un référendum mieux informé le 21 septembre

Oumar Sacko a souligné que cette tournée vise à améliorer la compréhension du texte. Il souhaite ainsi favoriser une large participation lors du référendum du 21 septembre 2025. « Nous voulons que chaque Guinéen de la diaspora prenne une décision éclairée », a-t-il affirmé.

Après la Gambie, MOSACCOD se rendra à Dakar, au Sénégal, pour poursuivre la campagne auprès de la communauté guinéenne.

Un soutien fort des autorités diplomatiques

Le consul général Ibrahima Nabi Youla a salué cette initiative. Il a rappelé le rôle crucial de la diaspora dans les grandes décisions nationales. « La mobilisation de la diaspora pour le référendum est un levier essentiel du développement du pays », a-t-il déclaré.

Les Forces vives lancent une mobilisation contre le référendum Constitutionnel

Les Forces vives de Guinée (FVG) accusent le général Mamadi Doumbouya de vouloir rester au pouvoir. Selon elles, cela viole la Charte de la transition. Elles affirment que le projet de Constitution favoriserait sa candidature. Cette orientation irait à l’encontre des textes de transition et de la Charte africaine de la démocratie.

Réunies en plénière, elles dénoncent un « agenda de confiscation du pouvoir ». À son arrivée, Mamadi Doumbouya avait promis de respecter la Charte. Il avait également garanti son application stricte.

Manifestations annoncées pour le 5 septembre

Les FVG annoncent des manifestations dès le 5 septembre. Leur but est d’empêcher le référendum constitutionnel prévu pour le 21 septembre. Elles refusent toute participation à « une initiative légitimant cette dérive autoritaire ».

Elles accusent aussi la junte de corruption et de détournement de fonds publics. D’autres griefs portent sur de graves violations des droits humains. Selon elles, au moins 60 manifestants ont été tués. Elles évoquent également des disparitions forcées et des détentions arbitraires. La presse ferait, elle aussi, l’objet d’un musèlement croissant.

Un climat politique explosif

Depuis le coup d’État de septembre 2021, le pays est dirigé par le CNRD. Cette junte militaire est menée par Mamadi Doumbouya. La transition devait durer deux ans. Elle a pourtant été prolongée. Cette décision renforce les soupçons de maintien au pouvoir au-delà des engagements pris.

Les Forces vives appellent la population à défendre la démocratie. Elles demandent aussi à la communauté internationale de soutenir ce combat. À l’approche du scrutin, la tension monte. Le contexte reste marqué par la répression et la fermeture de médias.

Bah Oury ouvre la voie à une candidature de Mamadi Doumbouya en 2025

À six semaines du référendum constitutionnel prévu le 21 septembre, le Premier ministre Bah Oury a relancé le débat sur l’avenir politique du président de la transition, Mamadi Doumbouya. Interrogé par RFI, il a reconnu que le projet de nouvelle Constitution n’excluait pas une candidature du chef de la junte à la future présidentielle.

« Les dispositions qui vont être proposées au peuple par référendum le 21 septembre n’interdisent pas sa candidature », a-t-il déclaré, laissant ainsi la porte ouverte à une entrée en lice de Mamadi Doumbouya en 2025.

Inquiétudes sur une possible dérive autoritaire

Cette déclaration confirme une hypothèse redoutée depuis des mois par les partis politiques et la société civile : celle d’un maintien du général Doumbouya au pouvoir, en dépit de ses promesses initiales de transition apolitique.

Arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2021, Mamadi Doumbouya s’était engagé à rendre le pouvoir aux civils. Mais près de quatre ans plus tard, les élections ont été sans cesse repoussées, et les réformes constitutionnelles semblent désormais taillées sur mesure pour prolonger le pouvoir militaire.

Si Bah Oury affirme que la présidentielle se tiendra fin 2025, les observateurs restent sceptiques. Le référendum de septembre apparaît désormais comme une étape déterminante, non seulement pour refonder les institutions, mais aussi pour éclaircir les ambitions politiques du général Doumbouya.

Mamadi Doumbouya attendu à Bouaké pour l’indépendance ivoirienne : un geste fort pour l’unité régionale

Le général Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne, se rend ce jeudi à Bouaké, dans le centre de la Côte d’Ivoire, pour participer aux festivités du 65e anniversaire de l’indépendance du pays. Jeune Afrique a révélé l’information.

Ce déplacement marque la deuxième visite officielle de Doumbouya en Côte d’Ivoire depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2021. En octobre 2023, il s’était déjà entretenu avec le président Alassane Ouattara à Abidjan.

Bouaké au cœur d’une stratégie d’unité nationale

Pour la première fois, les autorités ivoiriennes choisissent Bouaké comme ville hôte des célébrations de l’indépendance. Cette décision reflète une volonté claire de renforcer l’unité nationale et de rapprocher l’État des régions de l’intérieur.

À cette occasion, plusieurs dirigeants africains feront le déplacement. Parmi eux :

  • Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition gabonaise

  • John Dramani Mahama, ancien président du Ghana

Leur présence traduit une mobilisation régionale en faveur de la coopération et de la stabilité en Afrique de l’Ouest.

Une visite à forte portée géopolitique

En se rendant à Bouaké, Mamadi Doumbouya montre clairement son engagement pour l’intégration régionale. Ce déplacement vise également à renforcer les liens bilatéraux entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, dans un contexte où l’instabilité politique secoue plusieurs pays voisins.

Abidjan souhaite jouer un rôle clé dans la stabilisation régionale et l’accompagnement des transitions politiques. Ce 65e anniversaire apparaît donc comme une plateforme diplomatique majeure, à la fois pour la Côte d’Ivoire et pour ses partenaires ouest-africains.

Aliou Bah depuis sa cellule : « Ici fait partie de mon parcours »

Pour la première fois depuis sa condamnation, Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (MoDel), s’adresse publiquement à ses partisans et au peuple guinéen. Incarcéré à la Maison centrale de Conakry, l’opposant a choisi la page Facebook officielle de son parti pour exprimer sa position avec sérénité.

Dans ce message, il refuse toute victimisation. « Certains sont partis d’ici pour être présidents et d’autres sont partis de la présidence pour se retrouver ici », écrit-il, avant d’ajouter : « Je considère qu’ici faisait partie de mon parcours… donc je dis al hamdoulilah. »

Aliou Bah prison : une expérience vécue comme un apprentissage

Plutôt que de se plaindre, Aliou Bah voit sa détention comme une étape de vie. Il affirme avoir rencontré, derrière les barreaux, des individus marquants : « Des personnes ressources que je n’aurais peut-être pas croisées en étant libre, car nos chemins étaient parallèles. »

Refusant l’étiquette de prisonnier, il conclut avec philosophie :

« La Maison centrale fait partie de la Guinée, donc c’est une étape de ma route. Et tant que mon esprit et ma conscience sont libres, je me considère libre. »

Alpha Condé accuse : « Conakry se noie, le pouvoir regarde ailleurs »

Inondations à Conakry : Alpha Condé pointe un « échec monumental du pouvoir »

Les inondations à Conakry, survenues ces dernières 24 heures, ont endeuillé la capitale guinéenne et relancé les critiques contre les autorités. Parmi les voix les plus virulentes, celle de l’ancien président Alpha Condé, qui a exprimé sa solidarité aux victimes tout en accusant sévèrement le régime en place.

Dans un message publié sur sa page Facebook, le fondateur du RPG ne mâche pas ses mots : « Ce qui vous arrive n’est pas une fatalité, mais la conséquence directe des choix égoïstes d’un pouvoir qui vous a abandonnés ». Il dénonce un manque de volonté politique, une corruption systémique et l’incapacité à anticiper un phénomène pourtant récurrent.

Selon lui, les inondations à Conakry sont devenues une tragédie saisonnière, non pas à cause de la pluie, mais à cause de « l’inaction » et du « mépris des citoyens ». Il fustige l’absence d’investissements durables dans les infrastructures d’assainissement, et accuse les autorités de détourner l’argent public pour entretenir une communication de propagande.

« Ce n’est pas la pluie, c’est l’inaction »

Alpha Condé appelle à regarder la réalité en face. Chaque année, les mêmes quartiers sombrent sous les eaux, les mêmes familles pleurent leurs morts. Pourtant, rien ne change. « Ce qui est choquant, ce n’est pas la pluie, c’est l’inaction », écrit-il. Il va plus loin en parlant d’un « scandale » : « L’argent existe, mais il est utilisé pour glorifier un putschiste et étouffer les libertés ».

Malgré la gravité de la situation, l’ancien chef d’État termine sur une note d’espoir, en saluant le courage des Guinéens. Il croit en la capacité du peuple à surmonter ces épreuves : « Le peuple de Guinée finira par se relever. Votre courage ne sera pas vain. »

Conseil des ministres en Guinée : rentrée solennelle sous le signe du Kindely et de la refondation

Le Conseil des ministres en Guinée s’est ce jeudi 31 juillet 2025, tenu sous la présidence du Général Mamadi Doumbouya, au lendemain de la nomination du nouveau gouvernement. Cette session marque la reprise officielle de l’action gouvernementale dans un esprit de solennité et de responsabilité.

À cette occasion, les ministres ont prêté serment devant le chef de l’État, réaffirmant leur engagement à servir exclusivement l’intérêt supérieur de la Nation. Cette cérémonie symbolise leur adhésion aux principes de la refondation en cours et leur volonté de concrétiser la vision présidentielle par des actes concrets.

Le Kindely mis à l’honneur au cœur du Conseil

Fidèle à sa démarche de valorisation des cultures nationales, le Président de la République a placé cette rentrée sous le signe du Kindely, tissu traditionnel emblématique de la Basse Guinée. Tous les membres du gouvernement ont arboré cette tenue, renforçant ainsi le lien entre gouvernance, identité et patrimoine culturel.

Recensement, photos officielles et dotation logistique

En marge du Conseil, le président Mamadi Doumbouya s’est fait recenser dans le cadre du RGPH (Recensement général de la population et de l’habitat), montrant l’exemple en matière de civisme.

Il a ensuite reçu les nouveaux ministres pour une séance de photos officielles. Enfin, sur ses instructions, le Ministre, Directeur de Cabinet de la Présidence a procédé à la remise des véhicules de fonction aux membres du gouvernement, leur permettant de démarrer immédiatement leurs missions.

Remaniement en Guinée : Qui sont les nouvelles figures fortes du gouvernement Bah Oury ?

Le remaniement ministériel du mardi 29 juillet 2025 en Guinée a apporté un souffle nouveau à l’équipe du Premier ministre Bah Oury. Si la majorité des ministres ont été reconduits, cinq personnalités ont fait leur entrée dans le gouvernement, avec des profils aussi divers que stratégiques. Tour d’horizon de ces nouvelles figures, entre technocratie, expertise internationale et reconversion politique.

Mourana Soumah, pilier économique et stratège discret

Nouvel homme fort des Finances, Mourana Soumah incarne la rigueur budgétaire et la stabilité. Ancien Directeur général du Trésor, cet expert a participé à la digitalisation des paiements publics et à la création du Compte Unique du Trésor. Technocrate pur jus, son arrivée marque la volonté du président Doumbouya de renforcer la gouvernance économique et d’accélérer les réformes de la transition.

Mariam Ciré Sylla, l’expérience internationale au service de l’agriculture

Derrière ce nom peu connu du grand public se cache une véritable globe-trotteuse du développement. Après 18 ans passés entre l’Afrique, l’Europe et les États-Unis, cette experte en finance et stratégie commerciale a récemment représenté la Banque mondiale en Namibie. En tant que ministre de l’Agriculture, Mariam Ciré Sylla pourrait insuffler une dynamique inédite de partenariat public-privé et favoriser l’innovation dans un secteur clé pour la souveraineté alimentaire guinéenne.

Namory Camara, de l’aéroport à l’énergie nationale

Ingénieur et manager, Namory Camara a modernisé l’aéroport de Conakry à la tête de la SOGEAC. Il y a introduit le wifi gratuit, lancé de vastes travaux d’extension et augmenté le trafic passager de 15 % en un an. Désormais ministre de l’Énergie, il est attendu pour impulser la même vision moderniste dans un secteur stratégique encore marqué par les délestages chroniques.

Mamadou Cellou Baldé, l’ex-opposant devenu ministre

Ancien député de Labé sous les couleurs de l’UFDG, Mamadou Cellou Baldé a longtemps incarné une opposition active. Mais sa rencontre avec le président Doumbouya, sans l’aval de son parti, a changé la donne. Déchu de l’UFDG, il réapparaît comme ministre de la Jeunesse, symbole d’un virage politique assumé. Cette nomination suscite débat à Labé, son fief, mais pourrait séduire une jeunesse avide de changement.

Laye Sékou Camara et Fassou Théa, deux techniciens à la manœuvre

Ingénieur électro-énergéticien, Laye Sékou Camara prend le contrôle du ministère des Infrastructures, avec pour mission de relancer les grands chantiers. Quant à Fassou Théa, ancien conseiller à la Primature, il hérite du ministère de la Pêche, secteur clé pour les zones côtières du pays.

Mamadi Doumbouya dévoile un nouveau gouvernement sous la houlette de Bah Oury

La Guinée entre dans une nouvelle phase de son histoire politique. Ce mardi 29 juillet 2025, le Président de la transition, le Général Mamadi Doumbouya, a procédé à une reconfiguration complète du gouvernement, par décret lu sur la RTG par le Général Amara Camara. Ce remaniement intervient sous la direction du Premier ministre Bah Oury.

Continuité et changement au cœur du nouveau gouvernement guinéen 2025

Au total, plusieurs ministres ont été confirmés, notamment dans des postes stratégiques. Parmi eux :

  • Yaya Kairaba Kaba reste ministre de la Justice,

  • Aboubacar Sidiki Camara conserve la Défense,

  • Ibrahima Kalil Condé est maintenu à l’Administration du Territoire,

  • Dr Morissanda Kouyaté reste aux Affaires étrangères.

D’autres figures clés sont également reconduites : Jean-Paul Cedy à l’Enseignement préuniversitaire, Aminata Kaba à la Formation professionnelle, Ousmane Gaoual Diallo aux Transports et comme porte-parole du gouvernement, ou encore Charlotte Daffé à la Promotion féminine.

En parallèle, de nouveaux profils font leur entrée. C’est le cas de Mouna Soumah, nommée ministre de l’Économie et des Finances, ou encore Mariam Ciré Sylla, désormais ministre de l’Agriculture. Namory Camara, ancien DG de la SOGEAC, prend la tête du ministère de l’Énergie. À noter également la nomination de Mamadou Cellou Baldé, ancien député, au ministère de la Jeunesse.

Un équilibre entre expérience, technocratie et relance politique

Avec ce nouveau gouvernement, Mamadi Doumbouya et Bah Oury cherchent manifestement à stabiliser la transition tout en insufflant un nouveau souffle. Le profil de certains ministres indique une volonté de renforcer les secteurs productifs, comme les mines, l’énergie, l’agriculture, mais aussi de repositionner la Guinée sur le plan régional, à travers la diplomatie et la sécurité intérieure.

Le nouveau gouvernement compte 34 membres, dont deux secrétaires généraux avec rang de ministre. Il combine des ministres technocrates, des figures politiques aguerries, et des anciens reconvertis à des postes stratégiques. Une formule qui devra répondre à des attentes sociales élevées et à un contexte sous-régional tendu.

Transition politique en Guinée : le revirement stratégique de Cellou Baldé

La transition politique en Guinée, amorcée depuis l’arrivée du CNRD au pouvoir, continue de bouleverser l’échiquier politique national. Parmi les figures les plus marquantes de ce reformatage, Cellou Baldé incarne à lui seul la mue stratégique de plusieurs opposants.

Longtemps considéré comme l’un des critiques les plus virulents du régime transitoire, l’ex-député de Labé et cadre de l’UFDG a progressivement troqué la confrontation contre un positionnement conciliant. Ce changement de cap, tout sauf anodin, illustre les dynamiques d’alliances fluctuantes qui rythment la vie politique guinéenne.

D’un discours tranchant à une posture d’allié

En 2023, Baldé dénonçait avec fermeté ce qu’il appelait les « dérives autoritaires » du CNRD. À l’Assemblée générale de l’UFDG, il s’inquiétait de la durée incertaine de la transition et appelait au retour à l’ordre constitutionnel.

Mais depuis début 2025, le ton a changé. Présent lors de rassemblements pro-CNRD à Boké, puis à Mamou, il adopte un langage d’ouverture. À Labé, il appelle désormais les populations à « sortir de l’opposition systématique » et à « accompagner la dynamique en cours ».

Une stratégie politique calculée

Ce repositionnement n’est pas sans calcul. Alors que la transition politique en Guinée se prolonge, Baldé se rapproche du pouvoir central. Il accompagne la vulgarisation du projet de nouvelle Constitution et s’affiche avec des ministres de la transition, notamment à Labé, fief symbolique de l’UFDG.

Son engagement dans cette zone stratégique ne semble pas fortuit. Il affaiblit ainsi l’ancrage de Cellou Dalein Diallo dans sa propre base et se positionne comme une alternative interne crédible.

Une constante de la politique guinéenne : l’opportunisme

Cette trajectoire rappelle d’autres basculements, comme celui de Mouctar Diallo en 2020, lors de la campagne pour le troisième mandat d’Alpha Condé. Elle révèle surtout un mal récurrent de la classe politique : l’absence de ligne claire, souvent dictée par des considérations de survie politique plus que par des convictions.

Cellou Baldé, hier pourfendeur du régime, devient aujourd’hui l’un de ses plus zélés promoteurs. Une illustration frappante de la manière dont la transition politique en Guinée redessine, parfois brutalement, les postures des acteurs politiques.