Et si la révolution écologique guinéenne commençait sur les bancs de l’école ? Ce mardi 30 septembre, dans un atelier de restitution à Conakry, l’Agence belge de coopération (Enabel) a dévoilé les résultats d’une expérience pédagogique aussi discrète qu’ambitieuse : implanter la gestion des déchets dans le système éducatif. Financé par l’Union européenne dans le cadre du programme SANITA Villes Propres, ce projet a transformé 25 établissements scolaires en laboratoires vivants.
Pendant des mois, dans les communes de Dubréka, Coyah, Manéah, Sanoyah et Kagbelen, 138 enseignants ont armé 46 667 élèves de savoirs nouveaux. Leur mission ? Comprendre les enjeux de l’hygiène et des déchets solides, pour devenir, selon les termes des concepteurs, des « ambassadeurs » auprès de leurs familles et communautés.
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L’école comme vecteur de changement
« Nous savons que les écoles sont un vecteur puissant de changement des comportements », a affirmé Saïd Karamaoui, directeur pays d’Enabel. Derrière cette conviction, un dispositif précis : deux modules pédagogiques spécialement conçus, déployés avec l’appui des communes, des directions préfectorales de l’éducation et de plusieurs institutions nationales.
Paulo Barroso Simoes, chef de section à la délégation de l’Union européenne, voit plus loin que la salle de classe : « Nous semons aujourd’hui les graines d’un comportement durable, qui, nous l’espérons, s’étendra aux familles, aux quartiers et à la société entière. » Une stratégie du colibri, où chaque élève formé devient une étincelle capable d’embraser les consciences.
Capitaliser pour étendre
Pour l’Agence Nationale d’Assainissement et de Salubrité Publique (ANASP), représentée par son directeur général Amadou Diané, l’initiative constitue un « tremplin ». « Ces acquis doivent désormais être capitalisés pour s’étendre à d’autres régions », a-t-il plaidé, évoquant les enseignants formés et la dynamique nouvelle instaurée dans les établissements.
Une vision partagée par l’ONG ODIC, dont le représentant Elhadj Abdoulaye Bademba Bah a défendu une approche systémique : la gestion des déchets ne doit pas être une discipline isolée, mais un contenu transversal irriguant l’ensemble des matières scolaires.
Une ambition présidentielle
L’initiative s’inscrit dans un cadre politique plus vaste. Au nom du ministère de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, Aïssatou Kaba a rappelé l’engagement du Président Mamadi Doumbouya à faire de la salubrité publique une « priorité nationale » à travers le programme Simandou 2040.
« Notre vision est de bâtir un système moderne et inclusif de gestion des déchets », a-t-elle déclaré, évoquant la fermeture progressive de la décharge de Dar-es-Salam et la valorisation d’une filière déchets génératrice d’emplois.
Depuis l’adoption en 2015 de la politique nationale de gestion des déchets, le programme SANITA a permis des « progrès notables ». Mais l’atelier de ce 30 septembre marque un tournant : l’entrée par la petite porte de l’éducation environnementale dans le système scolaire guinéen.
Alors que la saison des pluies nettoie les rues de Conakry, un autre nettoyage, plus profond, semble être en marche. Il ne s’agit plus seulement de ramasser les ordures, mais de faire germer dans l’esprit des plus jeunes les semences d’un avenir durable.
