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L’influenceuse Riam’s Lolo dans le viseur de la justice, deux ans de prison requis

L’atmosphère était lourde, jeudi, dans le tribunal de première instance de Dixinn. À la barre, l’influenceuse guinéenne Fatoumata Yarie Camara, célèbre…

L’atmosphère était lourde, jeudi, dans le tribunal de première instance de Dixinn. À la barre, l’influenceuse guinéenne Fatoumata Yarie Camara, célèbre sous le pseudonyme de Riam’s Lolo, écoutait, impassible, le réquisitoire du ministère public. Le procureur Nomgo Bayo a requis deux années de prison ferme. La sentence est lourde et implacable. Elle vise à faire d’elle un exemple.

Aux côtés de deux autres jeunes femmes, Riam’s Lolo est jugée pour une palette d’infractions. Ces accusations résonnent comme un réquisitoire contre les dérives du numérique : « incitation à la débauche, outrage public à la pudeur, vente de produits prohibés et proxénétisme ».

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Le système du groupe WhatsApp privé

Les faits remontent à un groupe WhatsApp privé. Cette communauté virtuelle avait un nom sans équivoque : « Des filles classe pour la bonne baise ». Un espace où, contre un abonnement payant, des vidéos à caractère pornographique étaient échangées. Pour le parquet, derrière l’écran de smartphone se cache une entreprise de proxénétisme moderne. Le système exploitait le désir sous couvert d’abonnement numérique.

Le procureur a été sans appel. Il a requis deux ans de prison ferme et une amende de deux millions de francs guinéens pour Riam’s Lolo et Aminata Diaby. Cette dernière a été identifiée comme co-administratrice du groupe. De plus, le parquet a exigé la confiscation de leurs téléphones portables, outils de leur supposé délit. Une mesure frappe aussi au cœur de leur notoriété : une interdiction de publier sur les réseaux sociaux pendant trois ans. Pour la troisième prévenue, Kadiatou Yattara, la peine requise est d’un an d’emprisonnement.

Contestation des charges et verdict attendu

Détenues depuis le 22 août à la Maison centrale de Conakry, les trois jeunes femmes ont livré des versions divergentes. Aminata Diaby a reconnu les faits, assumant son rôle de modératrice. En revanche, Riam’s Lolo a contesté une partie des charges. Sa défense promet d’opposer la liberté d’expression à l’outrage à la moralité publique.

Star controversée des réseaux sociaux, Riam’s Lolo a bâti son empire numérique sur un mélange de provocations calculées. Son contenu mêle photos suggestives, vidéos de danse et prises de position polémiques. Cette visibilité à double tranchant lui vaut aujourd’hui d’être au cœur de cette tempête judiciaire. En effet, sa notoriété était, selon l’accusation, le moteur d’un système de recrutement et de monétisation.

Le verdict est attendu pour le 18 septembre. Cette décision est bien plus que le sort de trois individus. Elle dessinera une frontière, en Guinée, entre la liberté individuelle en ligne et les limites de l’ordre public. Ainsi, le tribunal de Dixinn ne rendra pas seulement une décision de justice ; il écrira une page de la régulation du numérique en Afrique.

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